Un véhicule de police sur le site de l’attentat-suicide à Mogadiscio, le 23 mars. / Farah Abdi Warsameh / AP

Onze personnes au moins, dont un vice-ministre du gouvernement somalien, ont été tuées dans une attaque lancée, samedi 23 mars, par les insurgés du groupe islamiste des Chabab – djihadistes affiliés à Al-Qaida – contre un complexe administratif de la capitale, Mogadiscio.

L’attaque a commencé par l’explosion de deux bombes près des portes d’accès aux ministères des travaux publics et du travail, situés sur une grande rue de Mogadiscio, selon la police et des témoins. Des hommes armés ont ensuite pénétré dans les bâtiments et des fusillades ont éclaté avec les forces de sécurité qui les ont affrontés, tout en évacuant de nombreux membres du personnel. 

« Le bilan des victimes s’élève à onze morts, dont trois femmes, et il y a quinze blessés », a déclaré le responsable d’un des services ambulanciers de Mogadiscio. Le sénateur Ilyas Ali Hassan a indiqué que le vice-ministre du travail et des affaires sociales, Saqar Ibrahim Abdalla, avait été tué. « Je ne peux pas donner de détails sur la manière dont il est mort, mais je peux confirmer qu’il a été tué à l’intérieur du ministère », a-t-il déclaré. Une information confirmée dans une déclaration de la police à l’agence Associated Press.

Un responsable de la police a ajouté que l’assaut avait pris fin après que la police eut tué quatre assaillants. « Il y a eu d’autres victimes dont des membres de la police », a-t-il expliqué à l’Agence France-Presse, sans plus de précisions.

L’opération a été revendiquée par le groupe islamiste des Chabab, qui poursuit une insurrection armée en Somalie contre ce qu’il considère comme une influence hérétique et étrangère. Les attentats combinant explosion de bombes et assauts d’hommes armés sont devenus une caractéristique des insurgés.

Attentats en série

Début mars, au moins 20 personnes ont été tuées dans une attaque des Chabab à Mogadiscio qui avait débouché sur un siège d’environ 22 heures. Les islamistes ont également revendiqué un attentat à la voiture piégée qui a fait quatre morts et neuf blessés le 7 mars près d’un restaurant de la capitale somalienne, à proximité du palais présidentiel.

Chassés de Mogadiscio en 2011, les Chabab ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils.

Ils ont juré la perte du gouvernement, soutenu par la communauté internationale et par les 22 000 hommes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom). Les Etats-Unis, qui opèrent en coopération avec l’Union africaine et les forces somaliennes, ont accru le nombre de leurs frappes aériennes contre le groupe : 35 en 2017, 47 en 2018, selon le chef du commandement américain en Afrique.

Les frappes se sont poursuivies début 2019. Début mars, le commandement américain pour l’Afrique (Africom) a annoncé avoir tué 26 Chabab dans une frappe aérienne « ciblée » dans la province de Hiran, au nord de la capitale. Cette semaine, Amnesty International a accusé l’armée américaine de dissimuler les victimes civiles de ses frappes répétées contre les islamistes radicaux en Somalie, évoquant de possibles « crimes de guerre ».

Cinq de ces frappes ont été examinées à la loupe par Amnesty International, qui a dénombré la mort d’au moins 14 civils, ce que Washington dément vigoureusement, affirmant n’avoir tué aucun civil somalien depuis début 2017.