Des centaines de milliers de partisans d’un nouveau référendum sur le Brexit étaient attendus samedi 23 mars dans les rues de Londres, accentuant le climat de tension au moment où la première ministre, Theresa May, hésite à soumettre son accord de divorce aux députés.

Dès samedi matin, les participants, venant des quatre coins du Royaume-Uni, partageaient abondement sur les réseaux sociaux les photos de leurs préparatifs, entre drapeaux européens et pancartes appelant à « révoquer l’article 50 » du traité de Lisbonne, qui régit la sortie d’un pays de l’Union européenne (UE).

Cette marche intervient deux jours après la décision des dirigeants européens d’accorder au Royaume-Uni deux options pour un report du Brexit au-delà de la date initialement prévue du 29 mars, fixant désormais au 12 avril au plus tôt l’échéance fatidique, près de trois ans après le référendum qui a décidé d’une sortie de l’UE.

Un troisième vote pourrait ne pas avoir lieu

Farouche opposante au Brexit, la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, qui participera à la manifestation, a appelé ceux qui rejettent une sortie de l’UE à profiter « au maximum de l’opportunité » offerte par le délai accordé par Bruxelles. « Nous devons éviter à la fois la catastrophe d’un no deal et les dégâts qu’engendrerait le mauvais accord de la première ministre » Theresa May, a-t-elle déclaré. « La décision de l’UE de reporter les choses au moins jusqu’au 12 avril a ouvert une fenêtre et ceux parmi nous qui sont opposés au Brexit doivent saisir la chance qui s’offre ».

L’option d’un second référendum avait été rejetée le 14 mars par la Chambre des communes, et rencontre également l’opposition de Theresa May, mais ses partisans espèrent que le chaos ambiant au Royaume-Uni finira par rendre cette option inévitable. La première ministre tente péniblement de son côté de rallier les soutiens derrière son accord de retrait de l’UE, afin de le soumettre au vote des députés la semaine prochaine.

Mais l’affaire est loin d’être gagnée : conclu après dix-sept mois de difficiles négociations avec Bruxelles et destiné à mettre en œuvre un Brexit en douceur, le texte est très loin d’avoir convaincu les députés britanniques qui l’ont déjà rejeté, massivement, à deux reprises, le 15 janvier puis le 12 mars. Signe des difficultés à venir, le petit parti nord-irlandais DUP, qui assure à Theresa May une fragile majorité absolue au Parlement, a estimé que la première ministre avait « raté une occasion » d’améliorer son accord de divorce lors de sa rencontre avec les dirigeants de l’UE.

Sentant à nouveau le vent du boulet, Theresa May a prévenu dans une lettre adressée aux députés qu’un troisième vote pourrait ne pas avoir lieu, « s’il apparaît qu’il n’y a pas suffisamment de soutien pour représenter » l’accord. Une autre option était discutée à Londres : la possibilité d’organiser une série de votes indicatifs pour déterminer les desiderata du Parlement.

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