Le général Brahim Seid Mahamat, dans le nord du Cameroun, le 26 mars 2015. / KAYA ABBA ALI / AFP

Le chef d’état-major général des armées du Tchad, en poste depuis six ans, a été remplacé vendredi soir 22 mars par le président Idriss Déby, moins de 24 heures après une attaque de Boko Haram dans le sud-ouest du pays qui a fait vingt-trois morts dans les rangs de l’armée. Par décret présidentiel, le chef de l’Etat a procédé vendredi à plusieurs changements à la tête de l’appareil sécuritaire. Le chef d’état-major général des armées, Brahim Seid Mahamat, a été remercié, après six ans de service.

Il est remplacé par Taher Erda qui était jusque-là chef d’état-major de l’armée de terre. Egalement ancien directeur de la police nationale, M. Erda est un très proche du président Déby, avec qui il a combattu avant son accession au pouvoir en 1990.

Aucune explication n’a été donnée, mais ce décret intervient alors que vingt-trois soldats tchadiens ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi au cours d’une attaque du groupe djihadiste nigérian Boko Haram dans le sud-ouest du Tchad. Il s’agit de l’une des attaques les plus meurtrières essuyées par l’armée de N’Djamena depuis le début de la lutte contre les islamistes.

Affrontements récurrents

La réorganisation des services de sécurité touche également le cabinet militaire de la présidence. Un général originaire du Tibesti (région du nord-est du Tchad) a notamment été nommé conseiller du chef de l’Etat chargé de la défense nationale. Depuis plusieurs mois, l’armée est déployée dans cette région, théâtre d’affrontements récurrents entre des orpailleurs et l’armée.

Par ailleurs, le président Déby a également suspendu vendredi le chef d’état-major de l’armée de l’air et son adjoint. Une annonce qui fait suite à la découverte vendredi des débris d’un hélicoptère de l’armée, qui avait disparu il y a plus d’une semaine, dans le nord du pays. Le crash, dont les causes font l’objet d’une enquête, a fait quatre morts.

Immense pays s’étendant de l’Afrique centrale à la bande sahélo-saharienne, le Tchad, allié des pays occidentaux dans la lutte antidjihadiste, est confronté à des défis militaires à chacune de ses frontières. Le nord du Tchad, frontalier du Soudan, de la Libye et du Niger, est une région instable du Sahel, désertique et peu habitée. Plusieurs groupes rebelles tchadiens ont établi leur base dans le sud libyen voisin. Fin janvier, des rebelles tchadiens sont entrés depuis la Libye dans le nord-est du Tchad. Des frappes françaises ont stoppé l’avancée de la colonne.