Des conclusions favorables pour le président Trump. / Alex Brandon / AP

La presse américaine, qui durant des mois s’est passionnée pour ce dossier, a pris acte des conclusions du rapport du procureur spécial Robert Mueller telles qu’elles ont été présentées, dimanche 24 mars, par le ministre de la justice William Barr. Dans une lettre de quatre pages, ce dernier rapporte que les investigations du procureur spécial sur de possibles interférences russes dans la campagne de 2016 n’ont pas démontré que « l’équipe de campagne Trump ou qui que ce soit associé à celle-ci se soit entendu ou coordonné avec la Russie dans ses efforts pour influencer l’élection présidentielle américaine de 2016 ».

Sur l’autre point examiné par le rapport, à savoir une possible obstruction de la justice par Donald Trump, le rapport « ne conclut pas que le président se soit rendu coupable d’un délit, mais ne le disculpe pas pour autant ». Le ministre de la justice, lui, a en revanche affirmé que l’enquête ne mentionnait aucun délit susceptible d’entraîner des poursuites judiciaires sur ce point. Aussi, à l’instar des élus et de plusieurs candidats démocrates à l’élection présidentielle de 2020, qui veulent avoir connaissance de l’ensemble du rapport, les journaux américains attendent désormais sa publication intégrale ; ce qui devrait prendre des semaines, voire des mois.

Une nouvelle « revigorante » pour les républicains

Néanmoins pour Vox, l’analyse politique est claire : « Il ne fait aucun doute que la lettre de M. Barr est un immense succès pour le président Trump. » « Elle lui permet de crier victoire », ce dont il ne s’est pas privé sur Twitter :

« Et cette interprétation va dominer les nouvelles dans les prochains jours, voire les prochaines semaines, démoralisant les démocrates et revigorant les républicains », ajoute Vox.

Même tonalité dans le New York Times, qui estime que la journée de dimanche aura sans doute été pour M. Trump « la meilleure de son mandat ». Les conclusions du rapport lèvent « le nuage le plus sombre et le plus menaçant qui planait au-dessus de sa présidence » : « Elles renforcent le président dans ses batailles à venir, y compris sa campagne pour sa réélection et lui donnent une confiance renouvelée, notamment dans ses rapports avec les dirigeants étrangers. » Mais, ajoute le quotidien, « cette enquête a pesé sur la présidence, avec les inculpations d’une demi-douzaine d’associés de M. Trump ».

La chaîne conservatrice Fox News évoque, elle, « la totale victoire de M. Trump » et insiste sur la volonté de l’entourage du président de lancer à son tour une enquête pour connaître l’origine de cette « chasse aux sorcières », ainsi que M. Trump a qualifié le travail de M. Mueller, et déterminer « qui l’a lancée et qui l’a payée ».

Des interrogations sur la relation de Trump avec Poutine

Le Washington Post rappelle, de son côté, les zones d’ombre de cette enquête de près de deux ans : « Que dit exactement M. Mueller au sujet de l’obstruction ? Pourquoi tant de gens [dans l’entourage de M. Trump] ont menti sur leurs interactions avec les Russes ? Qui sont les 500 témoins qui ont été interrogés ? »

Dans la même veine, Politico s’interroge longuement sur la relation particulière de M. Trump avec Vladimir Poutine, « qu’il n’a jamais critiqué directement ». Et s’il est « assez clair maintenant » que M. Trump ne s’est pas coordonné avec le président russe lors de l’élection de 2016, « les raisons pour lesquelles il semble vouloir conspirer avec Poutine pour remodeler la politique étrangère des Etats-Unis restent un mystère ». L’absence de collusion entre M. Trump et la Russie a été saluée à Moscou, explique aussi CNN. « La Russie n’a pas élu Trump », a lancé un commentateur politique proche du Kremlin.

Anticipant sur de potentielles révélations, plusieurs journaux évoquent aussi les autres enquêtes ouvertes, notamment à New York, à l’encontre du président Trump sur de possibles conflits d’intérêt et d’infractions au financement de campagne électorale.

Les conclusions du rapport Mueller « retirent la question de la destitution du président Trump des discussions, du moins pour l’instant, écrit le New York Times, mais les démocrates promettent d’avancer sur les enquêtes touchant tous les aspects de la présidence : obstruction de la justice, abus de pouvoir, corruption, défense de l’état de droit ».