Telegram a été créé en 2013 par le Russe Pavel Durov. / ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP

Les vieux messages embarrassants ? L’application Telegram a annoncé qu’il était désormais possible pour ses utilisateurs de supprimer toutes les archives d’une conversation pour qu’il n’en reste « aucune trace », selon le communiqué publié lundi 25 mars.

Ainsi, la nouvelle version de Telegram donne la possibilité d’effacer tout message d’une conversation privée, qu’on en soit l’auteur ou non, sur les appareils de chacun des participants. Jusqu’ici, Telegram permettait aux utilisateurs, pendant quarante-huit heures seulement, d’effacer leurs propres messages uniquement. D’autres messageries populaires disposent d’options plus ou moins similaires : Whatsapp, par exemple, permet d’effacer un message sur l’ensemble des appareils inclus dans une conversation, mais pendant une heure seulement après l’envoi.

L’application Telegram décide donc de passer à la vitesse supérieure sur le sujet. Pavel Durov, le fondateur de Telegram, a expliqué ses intentions :

« Un vieux message que vous avez oublié peut être sorti de son contexte et utilisé contre vous des décennies plus tard. Un message précipité que vous avez envoyé à une petite amie à l’école peut revenir vous hanter en 2030 quand vous décidez de devenir candidat à la mairie. Il faut le reconnaître : malgré tous nos progrès en termes de chiffrement et de vie privée, nous avons encore très peu de contrôle sur nos données. »

Risques d’effets pervers

Le site spécialisé The Verge pointe toutefois les risques d’effets pervers de cette nouvelle fonctionnalité, notamment car rien n’indique qu’un message a été supprimé – contrairement à Whatsapp où le message effacé est remplacé par la mention « Ce message a été supprimé » sur tous les appareils. « Si j’avais envie de faire quelque chose de mal, je pourrais supprimer minutieusement des passages de mon historique de conversation avec quelqu’un, enlever des éléments de contexte essentiels, ce qui donnerait une fausse interprétation de ses propos », explique l’auteur de l’article, à propos de la nouvelle version de Telegram.

Pavel Durov semble en être conscient, mais n’apporte pas de réponse à ce problème : « Nous y avons réfléchi très sérieusement, mais nous pensons que le plus important est que vous ayez le contrôle de vos traces numériques. »

Une évolution qui survient alors que ces derniers mois, plusieurs affaires de vieux messages publiées sur les réseaux sociaux, de manière publique ou semi-privée, ont fait les gros titres. Le réalisateur des Gardiens de la galaxie, James Gunn, avait ainsi été limogé en juillet par Disney à cause de vieilles plaisanteries pédophiles publiées sur le réseau social et exhumées par des militants d’extrême droite – le géant du divertissement l’a finalement fait revenir en mars. En décembre, c’est l’humoriste Kevin Hart qui avait subi les conséquences de vieux tweets homophobes : il a finalement renoncé à présenter la cérémonie des Oscars.