Manifestation des salariés d’Arjowiggins, le 28 février, à Bessé-sur-Braye (Sarthe). / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Lessebo Papers ne répond plus. Le groupe suédois et son dirigeant norvégien n’ont pas réussi à concrétiser leur projet de reprise des trois usines papeteries Arjowiggins de Bessé-sur-Braye (Sarthe), Saint-Mars-la-Brière (Sarthe) et Château-Thierry (Aisne). L’investisseur scandinave promettait pourtant de relancer la production de papier recyclé et d’ouate cellulosée en conservant 698 des 913 salariés. Mais depuis la dernière audience du tribunal de commerce de Nanterre, mercredi 20 mars, Lessebo Papers ne donne « plus de son, plus d’image », déplore un représentant du personnel.

Malgré l’engagement constant des pouvoirs publics (la Banque publique d’investissement et les régions Centre et Pays de la Loire) à verser 25 des 50 millions d’euros nécessaires à la reprise, le patron de Lessebo n’a pas pu apporter les garanties financières réclamées par la justice commerciale. « Quand on n’a rien vu arriver ce week-end, on a compris », résume Olivier Pollet, délégué CGT de Bessé-sur-Braye. « Ça a été la douche froide, même si on s’en doutait un peu ».

Nouveau sursis

Mardi, le délibéré tant redouté par les salariés a pourtant accouché d’un nouveau sursis jusqu’à ce vendredi 29 mars. Face au silence soudain de Lessebo Papers, le directeur de l’usine de Bessé-sur-Braye, Jean-Christophe Mailhan, a relancé le projet de reprise du site qu’il avait imaginé après la déclaration de cessation de paiement, le 15 novembre dernier. Une hypothèse qui ne vise que l’usine de papier recyclé de Bessé et ne concernerait que 200 des 568 salariés. Mais les représentants des salariés, qui devront adopter une position commune mercredi midi, n’ont d’autre choix que de soutenir cette ultime chance de reprise.

Les usines du Bourray (Saint-Mars-la-Brière, 270 salariés) et Greenfield (Château-Thierry, 75 salariés), elles, ont moins de soucis à se faire. Elles font l’objet d’offres alternatives qui devraient être acceptées par le tribunal de commerce de Nanterre. Pour Bessé-sur-Braye, l’issue paraît en revanche beaucoup plus incertaine. Doux euphémisme. « Il ne faut pas se voiler la face, les chances sont très faibles. Mais on se devait de porter cette dernière piste de reprise », reconnaît Christelle Morançais, présidente LR du conseil régional des Pays de la Loire, qui s’est entretenue plusieurs fois avec les émissaires de Bercy ces derniers jours, et notamment la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher.

« Il faut impérativement un investisseur privé »

Pour soutenir cette ultime hypothèse de reprise, l’enveloppe financière a été ramenée de 50 à 30 millions d’euros, toujours partagée à parité entre les pouvoirs publics et les investisseurs privés. Mais ces derniers manquent encore à l’appel. « Si on trouve quelqu’un d’ici à jeudi, tous les scénarios sont possibles. Mais pour débloquer l’argent public, il faut impérativement un investisseur privé », prévient encore Christelle Morançais.

« On va tout faire pour voir si on ne peut pas faire une offre de reprise pour plus de 200 salariés », assure de son côté Thomas Hollande, l’avocat du cabinet LBBA mandaté par les représentants du personnel. Il espère un nouveau report de la décision du tribunal de commerce, le temps pour le directeur de l’usine de Bessé-sur-Braye de mobiliser des investisseurs privés. « On est toujours dans l’attente, c’est pénible », résume Olivier Pollet.

Les salariés, qui ont occupé la gare de Vendôme (Loir-et-Cher) lundi, paralysant une bonne partie du trafic ferroviaire de l’ouest de la France, envisagent désormais de venir se rappeler au bon souvenir d’Emmanuel Macron, en déplacement à Angers (Maine-et-Loire) jeudi.