« La couche est pleine ! » Des salariés de crèches ont manifesté, jeudi 28 mars, contre une réforme des normes encadrant les modes de garde, dont ils craignent qu’elle se fasse au détriment des enfants et de leurs conditions de travail.

Environ 1 500 personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées à Paris devant le ministère des solidarités et de la santé à l’appel du collectif « Pas de bébé à la consigne ». Les manifestants étaient 400 à Toulouse, selon la préfecture (500 pour les organisateurs), et entre 100 et 200 à Montpellier, d’après l’Agence France-Presse (AFP).

Les personnels des crèches entendaient dénoncer la « simplification du cadre normatif » applicable aux « différents modes d’accueil du jeune enfant », que le gouvernement doit mener par ordonnances. Ils craignent un alignement vers le bas des normes réglementaires : le taux d’encadrement des enfants pourrait être abaissé, de même que le niveau des diplômes exigés pour les professionnels, ainsi que la superficie minimale des locaux où sont accueillis les enfants.

« On évoque un taux d’encadrement d’un professionnel pour six ou sept bébés, contre un pour cinq actuellement. Ce serait une régression hallucinante », explique Julie Marty-Pichon, présidente de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (Fneje), présente au rassemblement toulousain. « Les gens sont mal payés, les conditions de travail sont pénibles. Cela fait dix ans que ça ne va pas. C’est la goutte qui fait déborder le vase. Les bébés ne sont pas des poulets en batterie, on ne met pas les bébés dans des boîtes de sardines », ajoute Mme Marty-Pichon.

« Logique comptable »

A Paris, les salariés de la petite enfance étaient rassemblés sous le soleil dans une ambiance bruyante et bon enfant, avec cornes de brume et slogans scandés à tue-tête. Une manifestante arborait un poupon en plastique au bout d’une perche, affublé d’une étiquette « Bébé en colère ». A Marseille, cinq crèches municipales étaient totalement fermées jeudi et dix-huit partiellement sur un total de cinquante-huit crèches, selon la mairie. Le taux de gréviste était de 12,14 %, selon la même source. A Nice, les trois quarts des crèches municipales (20 sur 27) affichaient portes closes. A Montpellier, Elodie, 33 ans, chercheuse et mère d’une petite fille de 18 mois, est venue manifester « pour soutenir les employés des crèches, qui font un travail difficile et essentiel » pour les enfants. « En tant que parent, je refuse une logique purement comptable de la prise en charge des petits qui sont en plein éveil », dit-elle.

De son coté, la direction générale de la cohésion sociale (DGCS), qui pilote l’élaboration des futures ordonnances, a réfuté toute volonté de « sacrifier la qualité de l’accueil » des enfants. « Il ne s’agit pas d’une dérégulation du secteur », mais de « concilier » qualité de l’accueil et « simplicité », et d’introduire davantage de « souplesse », a-t-elle plaidé auprès de l’AFP. Selon la DGCS, le texte des ordonnances est encore en cours d’élaboration. Une première phase de concertation a eu lieu avec les professionnels du secteur, et le texte doit encore être « affiné » lors d’une seconde phase.