A Christchurch, le 18 mars. / Vincent Thian / AP

Quelle était la nature des relations entre le terroriste de Christchurch et le mouvement d’extrême droite autrichien ? Le gouvernement autrichien a annoncé, mercredi 27 mars, envisager de dissoudre le Mouvement identitaire autrichien (ou IBÖ, pour Identitäre Bewegung Österreichs), visé par une enquête après la découverte d’échanges entre son leader, Martin Sellner, et l’Australien ayant revendiqué l’attentat de Christchurch qui a coûté la vie à 50 fidèles de deux mosquées en Nouvelle-Zélande, le 15 mars.

Le domicile viennois de Martin Sellner, militant d’extrême droite âgé de 30 ans, a été perquisitionné lundi soir dans le cadre d’une enquête pour « soupçon de participation à une organisation terroriste ». Il a reconnu en début de semaine avoir reçu, au début de l’année 2018, un don de 1 500 euros de la part de Brenton Tarrant. Son ordinateur et son téléphone ont été saisis lors de la perquisition et font l’objet d’un examen approfondi.

« Je n’ai rien à voir avec cet homme »

Le cofondateur et chef de file du Mouvement identitaire autrichien (IBÖ), Martin Sellner, lors d’une conférence de presse à Vienne, en 2014. / GEORG HOCHMUTH / AFP

« Nous enquêtons actuellement pour déterminer si nous avons là une organisation terroriste », a expliqué, mercredi, le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, à l’issue d’un conseil des ministres. Si des charges en ce sens étaient retenues, « il y aurait bien sûr des conséquences pour cette organisation », a précisé le chef du gouvernement, à la tête, depuis décembre 2017, d’une coalition gouvernementale incluant le parti d’extrême droite Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ – Parti de la liberté d’Autriche). Le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache, qui dirige le FPÖ, a de son côté déclaré que son parti n’avait aucun lien avec le Mouvement identitaire autrichien. Sebastian Kurz a ajouté qu’une décision de dissolution était du ressort du ministère de l’intérieur et devait s’inscrire « dans le cadre de l’Etat de droit ».

L’auteur de la fusillade a séjourné en Autriche dans le cadre d’un voyage en Europe centrale et dans les Balkans, et les autorités autrichiennes enquêtent sur d’éventuels contacts entre l’assaillant et « des citoyens autrichiens », a détaillé M. Kurz. Selon des informations de presse, il serait arrivé à Vienne le 26 novembre et se serait également rendu en Carinthie, à Salzbourg et à Innsbruck.

Dans une vidéo publiée sur YouTube, Martin Sellner déclare ne pas être « membre d’une organisation terroriste. Je n’ai rien à avoir avec cet homme, sinon que j’ai reçu passivement un don de sa part. » Interrogé par le New York Times, il a admis avoir échangé avec le suspect par e-mail à plusieurs reprises à la suite de ce don.

Frappé d’une interdiction d’entrée sur le territoire britannique, il avait été poursuivi l’an passé avec seize autres membres d’IBÖ pour « constitution d’une organisation criminelle » et « diffusion d’une idéologie raciste », mais avait bénéficié d’une relaxe en juillet. Il a assuré qu’il coopérerait avec la police et a qualifié l’attaque des mosquées de Christchurch « de connerie absolue ».