France 2, jeudi 28 mars à 21 h 05, documentaire

Ils ont aidé l’armée française, souvent dans des conditions périlleuses, lors de la guerre d’Afghanistan entre 2001 et 2014. Risquant leur vie aux côtés de soldats devenus des camarades. Traducteurs pour la plupart, ils ont été environ 800 à travailler légalement auprès des forces armées de la République. La plupart ont gardé tous les papiers (contrats de travail, fiches de paie – 750 euros le plus souvent, un très bon salaire en Afghanistan) prouvant leur présence auprès des autorités françaises.

Aujourd’hui, considérés comme des traîtres et menacés de mort par les talibans, ceux qui n’ont pas encore été autorisés à quitter Kaboul pour la France vivent comme des fantômes, la peur au ventre. Car si la France a organisé au fil des ans trois voyages de rapatriements, permettant à 200 anciens collaborateurs afghans de quitter leur pays et de commencer une nouvelle vie, de nombreux anciens auxiliaires sont encore en grand danger et se heurtent à une procédure administrative longue et complexe. Sans parler de dossiers qui, parfois, ne reçoivent aucune réponse.

« Ingratitude »

Ce reportage, tourné notamment à Kaboul, donne la parole à quelques-uns de ces hommes. « J’étais heureux et fier d’aider les soldats français à nous débarrasser des talibans. J’ai travaillé près de quatre ans avec eux, mis ma vie en danger pour la France. Les talibans ont assassiné mon frère cadet. Je ne comprends pas l’attitude de la France, son ingratitude… », résume l’un des témoins encore bloqué à Kaboul dans des conditions délicates. Mauvais élève européen, la France n’a rapatrié qu’un nombre limité de ses anciens collaborateurs en Afghanistan alors que l’Allemagne, par exemple, en a sauvé 760.

En France, plusieurs citoyens (soldats, juristes), scandalisés par cette situation, tentent d’aider d’anciens auxiliaires de l’armée à remplir leurs dossiers et à quitter Kaboul, où leur vie semble clairement en danger. Caroline, juriste de 38 ans, se bat depuis quatre ans pour les aider à attaquer l’Etat français en justice. A douze reprises, elle est parvenue à faire condamner l’Etat. « Je veux que chaque personne qui dépose une demande de protection reçoive une réponse, qu’elle soit positive ou négative », souligne celle qui conseille bénévolement 150 Afghans qui n’ont pas encore obtenu leur visa pour la France.

Les Oubliés de Kaboul, de Laura Aguirre de Carcer, Alexis Jacquet et Nils Montel (Fr., 2018, 30 min). Diffusé dans le magazine « Envoyé spécial ».