L’ancien directeur général d’Iliad, Maxime Lombardini, à Paris, en mars 2016. / ERIC PIERMONT / AFP

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Au siège de l’Autorité des marchés financiers (AMF), place de la Bourse, à Paris, l’heure est désormais à la délibération. Jeudi 28 mars, la commission des sanctions de l’AMF entendait Iliad, maison mère de Free (dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire à titre personnel du Monde), et son président du conseil d’administration et ex-directeur général, Maxime Lombardini, dans le cadre d’une enquête ouverte fin 2014 par le régulateur.

Le « gendarme » boursier accuse le groupe de télécoms et Maxime Lombardini d’abus de marché. L’AMF reproche notamment à Iliad d’avoir manqué à ses obligations légales en tardant à l’informer de son projet de rachat de l’opérateur américain T-Mobile et pointe également du doigt M. Lombardini, qui, selon le régulateur, a cédé des actions, lors de deux opérations, à une période où il aurait dû, au contraire, s’en abstenir.

L’affaire remonte à l’été 2014. A l’époque, le groupe fondé par Xavier Niel s’intéresse de près au petit dernier du secteur américain des télécommunications, T-Mobile, une filiale de l’allemand Deutsche Telekom. La maison mère de Free, désireuse de mettre un pied en dehors des frontières tricolores, lui fait alors une ­première offre, proposant de racheter au groupe allemand 57 % de ses parts dans l’américain moyennant 15 milliards de dollars (13,3 milliards d’euros au cours actuel). Cette offre, tout comme la suivante quelques semaines plus tard, sera déclinée par Deutsche Telekom et Iliad annonce finalement, en octobre 2014, qu’il renonce à son projet d’acquisition.

« Aucun mouvement anormal observé sur le titre »

Dans le viseur de l’AMF depuis, Iliad, tout comme son ex-dirigeant, ont contesté les faits reprochés. « Il n’y a pas eu d’atteinte au fonctionnement du marché. Personne n’en a profité. On a entendu aucune rumeur avant l’annonce, aucun mouvement anormal observé sur le titre, en volume », a défendu devant la commission le conseiller d’Iliad, Jean-Pierre Martel.

M. Lombardini, lui, a affirmé n’avoir bénéficié d’aucune information privilégiée préalablement à la vente de ses titres. « Je ne me suis absolument pas occupé de T-Mobile. J’avais beaucoup de travail de communication à réaliser après le retrait d’Orange », a-t-il assuré, faisant allusion à l’échec, à ce moment-là, de la tentative de rachat de Bouygues Telecom par l’opérateur historique.

La séance, qui a débuté jeudi matin à 9 heures et devait se conclure à 13 heures, s’est prolongée jusqu’en fin d’après-midi, afin que toutes les parties puissent plaider leur cause. La décision de l’AMF devrait être rendue d’ici quelques jours ou semaines. Le collège du régulateur a requis une amende de 500 000 euros contre Iliad et de 1 million d’euros contre M. Lombardini. En cas de sanctions, les mis en cause auront toutefois la possibilité d’exercer un recours auprès de la cour d’appel.