Le PSG a remporté la dernière édition de la Coupe de la Ligue. / REGIS DUVIGNAU / REUTERS

Le constat n’est pas nouveau : la Coupe de la Ligue ne déchaîne pas les foules. Comme un symbole, la finale qui oppose Guingamp à Strasbourg, samedi 31 mars au stade Pierre-Mauroy à Lille, se dispute en même temps que la journée de Ligue 1. Un « doublon » bien connu des amateurs de rugby, mais plus rare dans le monde du football.

Sur le papier, l’affiche entre le 10e et le 18e de Ligue 1 ne fait pas rêver. L’élimination surprise, en quart de finale face aux Bretons, du PSG quintuple vainqueur en titre et qui portait les audiences de cette compétition, conjuguée à celles de l’OM ou de Lyon, n’a pas aidé à raviver l’intérêt pour une compétition créée en 1994 et qui n’a jamais vraiment trouvé son public.

400 000 téléspectateurs de moins en moyenne

L’audience des finales ne fait ainsi que décliner. Si 5,5 millions de téléspectateurs avaient regardé la finale entre l’OM et Bordeaux en 2010, ils n’ont été que 3,1 millions à voir le cinquième sacre consécutif du PSG face à Monaco en mai 2018. Cela ne s’est pas arrangé cette saison. Comme le notait L’Equipe en février, les rencontres de Coupe de la Ligue ont perdu 400 000 téléspectateurs en moyenne.

Propriétaire d’une partie des droits télévisés de la compétition jusqu’en 2020, avec Canal+, France Télévisions a tenté de les vendre à TF1 et à M6, les chaînes du service public ayant été mises dans l’obligation de faire des économies. Mais, malheureusement pour France Télévisions, aucune des deux chaînes privées n’a souhaité acheter ces droits pour un motif assez simple : ils sont beaucoup trop onéreux par rapport aux audiences réalisées.

Pis, le 4 décembre 2018, la Ligue de football professionnel (LFP) annonçait qu’aucune offre n’avait été formulée pour acquérir les droits à partir de 2020. Deux lots étaient soumis à appel d’offres : tous les matchs en direct et les magazines pendant les tours de Coupe de la Ligue pour le lot no 1, les magazines en dehors des tours de Coupe de la Ligue et les droits magazine en vidéo à la demande pour le lot no 2.

La Ligue s’était toutefois déclarée « très confiante » pour trouver preneur. Lorsque le directeur de la rédaction de BeIN Sports a annoncé cette semaine une surprise à venir concernant l’acquisition de droits TV par sa chaîne, nombreux ont pensé à la Coupe de la Ligue. Raté. La chaîne qatarie a acquis les droits de la MLS, le championnat de football nord-américain.

Les regards se sont un temps portés sur la chaîne L’Equipe, qui s’est positionnée sur plusieurs compétitions de moindre envergure ces dernières années. Dans un entretien au site Ozap, le nouveau directeur du pôle TV, Jérôme Saporito, n’avait cependant pas témoigné d’un intérêt marqué pour la Coupe de la Ligue : « On ne s’interdit rien sur les droits. Il faut mettre en face la valeur du programme, ce qu’il peut apporter à la chaîne, et le prix demandé par les ayants droit. Tout est possible. » Tout en s’empressant de préciser que la chaîne n’allait pas « casser [son] modèle économique pour acheter des droits sportifs ».

La LFP croit en son produit

Contrairement à la finale de la Coupe de France, aucune rencontre de Coupe de la Ligue ne fait partie des événements sportifs d’importance majeure protégés par la législation et obligatoirement proposés en clair à la télévision. Ainsi, il n’est pas à exclure que la compétition devienne intégralement payante à compter de 2020. Ce qui, dans le contexte actuel de multiplication des matchs et des abonnements à souscrire pour les regarder, pourrait porter un coup fatal à cette compétition.

La LFP continue pourtant de croire fermement à son épreuve. Elle a conclu en début de saison un contrat de naming avec le groupe indien BKT, permettant ainsi d’augmenter les primes versées aux participants. L’enveloppe globale dont bénéficient les clubs est passée de 21,5 millions d’euros la saison dernière à 23,8 millions en 2018-2019. Le vainqueur de l’actuelle édition va toucher 2,767 millions d’euros, contre 2,5 millions précédemment.

Sur le terrain, la finale provoque toutefois un certain engouement. La LFP avait décidé de délocaliser la rencontre depuis 2017 alors qu’elle avait été uniquement disputée à Paris (Parc des Princes) et à Saint-Denis (Stade de France) depuis sa création. Dès le 4 février, soit presque deux mois avant la rencontre, la Ligue avait annoncé que le match se jouerait à guichets fermés : « C’est quasiment toujours le cas pour la finale mais c’est la première fois que ça arrive si tôt », assurait la LFP.

Si les audiences ne s’annoncent pas mirobolantes en France, la rencontre sera toutefois diffusée par 41 chaînes dans 128 pays. Un dernier motif d’espoir.