Tony Parker va disputer le premier match de saison régulière de sa carrière dans son pays. / Catalina Fragoso / USA TODAY Sports

La longue attente est terminée. Dix ans après le dernier rebond de la rencontre de présaison entre les Minnesota Timberwolves et les New York Knicks, les fans français verront à nouveau des joueurs NBA (National Basket-ball Association) fouler le sol français.

Le 24 janvier 2020, la ligue nord-américaine de basket organisera la première rencontre de saison régulière en France, entre les Charlotte Hornets - où évoluent les Français Tony Parker et Nicolas Batum - et les Milwaukee Bucks. Londres était jusqu’à présent l’unique ville européenne à recevoir ce type de matchs (neuf rencontres entre 2011 et 2019).

Ce match « mettra en lumière le développement constant du basket-ball dans l’une des plus grandes villes au monde », a commenté le commissionnaire de la NBA, Adam Silver. Mettant en avant le « record européen du nombre de joueurs dans la ligue actuellement » détenu par les Français (dix), le patron de la grande ligue nord-américaine s’est dit impatient de ce « tout premier match de saison régulière de NBA à Paris. »

Depuis le milieu des années 1980 et le début de la diffusion de certaines rencontres par Canal+, la France a développé une passion pour la NBA. Ce n’était qu’une question de temps avant que la NBA déplace un de ses « Global games » dans la capitale française.

L’ombre de Jordan

La décision de faire venir les Charlotte Hornets est, en filigrane, frappée du sceau de leur propriétaire : Michael Jordan. Businessmann averti, le meilleur joueur de l’histoire a fait du marché français le fer de lance du développement de sa marque en Europe.

Outre un premier magasin, place de la Bastille à Paris, le « Jumpman » (logo le représentant en train de dunker) s’affiche désormais sur les tuniques du PSG en Ligue des champions et sur celles de l’équipe de France de basket.

« Les Charlotte Hornets sont fiers de pouvoir participer au premier match de saison régulière de l’histoire organisé à Paris », a sobrement commenté Jordan, avouant avoir « constaté par [lui]-même, pour avoir joué des matches de préparation en France, la passion des supporters français pour la NBA. »

En 1990, sa visite dans la capitale, dans la petite salle Géo André, avait manqué de déclencher une émeute, plus de 10 000 fans tentant d’entrer dans une salle pouvant en contenir 2 000.

« La communauté du basket est plus grande que jamais à Paris et dans sa région, expliquait au Monde David Kahn en septembre 2018. Ancien dirigeant des Minnesota Timberwolves, l’Américain a monté l’ambitieux projet du Paris Basketball (en Pro B cette année). Il y a énormément de talent et on n’a jamais vu autant de jeunes, notamment, être intéressés par le basket. »

Second bassin de recrutement mondial après les Etats-Unis, selon les cadres de la NBA, l’Île-de-France est depuis longtemps identifiée comme la porte d’entrée de la NBA en Europe.

L’aura des Hornets

« Le basket était un peu délaissé à Paris alors qu’il est plébiscité », constate Jean-François Martins, l’adjoint aux sports à la mairie de Paris. Qui met en avant les efforts de l’équipe municipale pour « développer une stratégie basket » depuis le début de la mandature, « et pas seulement de la NBA ».

Outre la question du club professionnel – longtemps en balance entre Paris et Levallois –, un effort a été fait pour remettre les playgrounds parisiens à niveau, avec l’aide d’équipementiers, notamment Nike et… Jordan.

Giannis Antetokounmpo et ses Milwaukee Bucks affronteront les Charlotte Hornets à Paris en janvier. / Stacy Revere / AFP

L’affiche du futur rendez-vous parisien a été fixée depuis l’été 2018 au sein de la NBA : les Charlotte Hornets affronteront les Milwaukee Bucks. L’équipe du Winsconsin reste relativement méconnue dans l’Hexagone, en dépit de l’importance grandissante de Giannis Antetokounmpo.

Véritable « Marsupilami humain » et machine à dunks, le « Greak freak » est le meilleur joueur de la meilleure équipe de la Ligue et favori pour le titre de MVP (« Most valuable player », meilleur joueur).

A l’inverse, les Hornets bénéficient d’une certaine aura en France. En 1994, la toute jeune franchise – elle a vu le jour en 1988 – de Caroline du Nord avait disputé le premier match de présaison organisé en France, face aux Golden State Warriors.

Deux ans après la déferlante de la « Dream team » américaine aux Jeux olympiques de Barcelone, le public français avait soif de NBA, et nombre d’enfants ayant grandi dans les années 1990 se souviennent de cette rencontre ayant vu s’affronter le géant Manute Bol (2,31 m) et Tyrone « Mugsy » Bogues (1,59 m), meneur des Hornets, plus petit joueur à avoir jamais joué en NBA.

Ce dernier, de passage à Paris vendredi 29 mars, relate en avoir discuté avec Tony Parker il y a quelques jours. « Il m’a dit se rappeler parfaitement de ce match, il avait douze ans à l’époque, et ça lui avait montré que la NBA était quelque chose de tangible. »

« Les matchs étaient à 4 heures du matin, c’était compliqué de les regarder en direct, mais nous nous débrouillions pour suivre les résultats, se remémore le Français Nicolas Batum. On enregistrait les matchs et on les regardait le jour d’après, après avoir fait nos devoirs. Ce n’était pas aussi simple [qu’aujourd’hui]. »

Départ de Londres annoncé le jour initialement prévu pour le Brexit

Logo frappant (un frelon stylisé), couleurs flashy (turquoise et violet), les Hornets demeurent l’une des équipes les plus connues dans l’Hexagone. Et ce en dépit de résultats fluctuants et d’une disparition de plus de dix ans – de 2002 à 2014, l’équipe a été déménagée à la Nouvelle Orleans, alors qu’une nouvelle franchise, les Charlotte Bobcats, voyait le jour en 2004. « Honnêtement, je n’avais aucune idée de cette popularité », sourit Mugsy Bogues.

Si la NBA s’était décidée il y a plus de six mois à déplacer son « Global game » dans la capitale française, la décision est demeurée secrète. Ce n’est que lors de l’édition 2019 de la rencontre européenne, mi-janvier à Londres, que Paris a été assurée que la plus grande ligue du monde de basket ferait son retour en France.

« On m’a dit que je n’ai pas encore le droit de faire d’annonce, mais oui, nous cherchons à organiser un match de saison régulière NBA en France la saison prochaine », avait lancé Adam Silver, le patron de la NBA, face à un parterre de journalistes.

Dès lors, le compte à rebours était lancé. Et – fortuitement, nous assure-t-on – l’annonce du départ de Grande-Bretagne a été fixée à fin mars, soit la date initialement prévue pour le Brexit.

La longue attente est presque terminée. S’il n’est pas encore possible de se procurer des billets pour la rencontre, la ligue a mis en place une pré-inscription. Encore dix mois à attendre et la NBA rebondira à nouveau à Paris.