Quelques milliers d’enseignants ont défilé, samedi en France, pour protester contre la « loi Blanquer » et la réforme du lycée. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Quelques milliers d’enseignants d’écoles maternelles et élémentaires, de collèges et lycées ont défilé, samedi 30 mars, à l’appel des cinq principaux syndicats de l’éducation pour protester contre la « loi Blanquer » et la réforme du lycée.

« Ça fait longtemps que les collègues n’étaient pas aussi remontés, et de manière aussi soudaine », a dit à l’AFP Agnès, professeure dans une école du 20e arrondissement de Paris, trente-cinq ans de carrière. Les manifestants étaient plusieurs centaines dans chaque défilé, à Strasbourg, Rennes, Nantes, Paris…

Le projet de loi du ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, « sur l’école de la confiance », suscite la défiance des enseignants. Voté par l’Assemblée nationale, le texte doit encore passer début mai devant le Sénat. Agnès explique :

« Ça a commencé en janvier-février avec les menaces et les pressions sur les collègues qui ont refusé de faire remonter les résultats des évaluations des CP. Des évaluations mal conçues, qu’ils ont quand même fait passer, mais dont ils ont refusé d’entrer les résultats nominatifs sur une plate-forme hébergée par Amazon en Irlande. »

« Deviner ce qui se cache entre les lignes »

« Et puis l’amendement qui parle de création d’établissements regroupant des écoles et un collège, avec la suppression des directeurs d’école nous a vraiment inquiétés », ajoute cette enseignante d’une école en éducation prioritaire (REP +), syndiquée au SNUipp-FSU.

Julie, venue des Yvelines avec plusieurs collègues institutrices, toutes non syndiquées, regrette, elle, que la « loi Blanquer » soit « tellement peu explicite » :

« On aimerait ne pas avoir à deviner ce qui se cache entre les lignes. Et faire sans directeur dans les écoles, ça va être très compliqué. »

Le ministre a adressé vendredi une lettre aux professeurs, les présentant comme « l’avant-garde du progrès social ». Il avait également précisé cette semaine ne pas vouloir « imposer » les regroupements écoles-collèges, « loin s’en faut ». Le ministre s’est dit « tout à fait prêt » à ajouter la nécessité de « l’accord de la communauté éducative » pour que les regroupements écoles-collèges voient le jour.

Du côté du secondaire, des professeurs se mobilisent contre la réforme du lycée et du baccalauréat, prévue pour septembre et qui supprime les séries S, ES et L. « J’ai du mal à suivre notre ministre », soupire Sandrine, professeure d’anglais dans un lycée de la banlieue Ouest. Cette réforme était censée « ouvrir les choix [des disciplines] aux élèves, mais on leur répond le plus souvent : “Ce sera en fonction des places disponibles” », dit-elle.