Peter Falk (à droite) et Martin Landau, deux monstres sacrés de la télévision américaine. / ZED / ARTE

Arte, dimanche 31 mars à 22 h 45, documentaire

Avec sa vieille Peugeot 403 et son imper fripé, c’est l’un des personnages les plus immédiatement reconnaissables de nos soirées télé. Si l’on ajoute qu’il mâchonne en permanence un bout de cigare, qu’il a une femme invisible à l’écran mais omniprésente, et que nous fûmes quelque 2 milliards à avoir suivi ses enquêtes, il y a fort à parier que vous aurez reconnu l’indémodable lieutenant Columbo.

Indémodable parce que, justement, il n’a jamais été à la mode – en tout cas très loin des ­codes du flic viril aux belles voitures de sport. Plus probablement encore parce que celui qui l’incarna jusqu’à se confondre avec son personnage ne fut autre que le génial Peter Falk, disparu en 2011.

Même si le charme est ailleurs – notamment dans le fait de revoir quelques scènes de cette série mythique –, c’est le point de départ de ce rafraîchissant documentaire, signé Pascal Cuissot et Gaëlle Royer, présenté par Arte dans le cadre du Printemps du polar : Peter Falk eut-il, au fond, une vie en dehors de ­Columbo ? Inutile de garder la ­réponse pour la fin : le coupable est connu, seuls les mobiles et la manière sont intéressants. Donc oui, Peter Falk a eu une carrière en dehors de celle de lieutenant.

« Je tuerais pour jouer ce flic »

Né en 1927 à New York dans une ­famille juive, il fait ses premiers pas au cinéma sous la direction de Nicholas Ray (La Forêt interdite, 1958), mais c’est son rôle dans Milliardaire pour un jour, de Frank Capra (1961) qui lui vaut d’être ­remarqué, avant que John Cassavetes ne lui offre quelques rôles inoubliables : Husbands, Une femme sous influence, Opening Night et Big Trouble.

Entre-temps, il y aura donc eu ­Columbo, enquêteur de génie, qui ne devait être à l’origine qu’un ­téléfilm et qui durera sept saisons. Pendant trente-cinq ans, Peter Falk va tourner 69 épisodes jusqu’au dernier, Columbo mène la danse, en 2003. Mais qui peut se targuer de savoir que le premier fut réalisé par un jeune homme nommé… Steven Spielberg ? Qui déclara alors : « C’est le meilleur scénario qui m’ait jamais été donné de toute ma vie. » A l’écriture, Steven ­Bochco, connu pour avoir notamment travaillé sur les séries L’Homme de fer puis New York ­Police Blues. Après avoir lu le scénario, Falk dira : « Je tuerais pour jouer ce flic » – même s’il refuse ­encore l’idée de s’investir dans une série, qu’il juge chronophage.

A l’époque, d’ailleurs, personne ne parie sur Columbo. La série est jugée bavarde, pauvre en action et en sexe… Ce serait oublier qu’en plus de faire figurer à son générique quelques prestigieuses guest-stars (Faye Dunaway, Patrick McGoohan, alias « le Prisonnier », et même Gena Rowlands et John Cassavetes), Peter Falk est un ­immense acteur. Son interprétation lui vaut de devenir rapidement l’acteur de télévision le mieux payé de Hollywood.

Lire la nécrologie (en 2011) : Peter Falk, le grand écart

Entre deux volées d’épisodes, Peter Falk tournera encore pour le cinéma – notamment avec Wim Wenders dans Les Ailes du désir et Si loin, si proche ! L’un des mérites de ce ­documentaire est de rappeler à quel point Peter Falk fut un grand comédien. Mais, et inutile de bouder notre plaisir, il donne surtout envie de revoir ce lieutenant si sexy à force peut-être de ne pas l’être, surtout quand il vient vous souffler sa fameuse réplique : « Juste une dernière chose… »

Peter Falk versus Columbo (documentaire complet) | ARTE Cinema
Durée : 51:57

Peter Falk versus Columbo, documentaire de Gaëlle Royer et Pascal Cuissot (Fr., 2018, 52 min). www.arte.tv/peter-falk-versus-columbo