La commune burkinabée d’Arbinda, près de la frontalière avec le Mali. / Google Maps

Sept personnes, dont au moins trois Peuls, ont été tuées dimanche 31 mars et lundi 1er avril lors d’affrontements intercommunautaires au Burkina Faso dans la commune d’Arbinda, près de la frontalière avec le Mali, a annoncé le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Peguy Hyacinthe Yoda. « Dans la nuit de dimanche, des individus armés se sont introduits dans le village de Hamkane, situé à 7 km d’Arbinda, où ils ont assassiné le cheikh [leader religieux] du village, son fils aîné et son cousin », a déclaré à l’AFP M. Yoda, précisant qu’une quatrième personne avait été tuée dans un village voisin. Les trois premières victimes étaient peules, a indiqué un habitant à l’AFP.

« Pendant l’inhumation du cheikh et des deux autres [personnes], on a identifié quatre individus qui feraient partie du groupe ayant commis ce forfait. La population s’est ruée sur ces personnes qu’elle a lynchées et, dans la foulée, il y a eu trois autres morts », a-t-il poursuivi. « Le bilan est de sept tués, deux huttes et une maisonnette incendiées, a résumé M. Yoda, soulignant que la situation est maîtrisée et sous contrôle » lundi. « Les forces de défense et de sécurité mènent des patrouilles dans le village pour rassurer les populations », a-t-il indiqué.

Représailles sanglantes

Ces événements se produisent quelques jours à peine après le massacre de quelque 160 habitants peuls au Mali voisin le 23 mars. Confronté depuis quatre ans à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières, le Burkina Faso enregistre également des affrontements intercommunautaires. Depuis janvier, 48 personnes selon le gouvernement et plus de 200 selon la société civile ont été tuées lors de représailles contre la communauté peule, après l’attaque du village de Yirgou (centre) attribuée aux djihadistes.

Au Burkina Faso, tout comme au Mali, les tensions dégénèrent périodiquement en violences entre Peuls, traditionnellement éleveurs, souvent nomades et musulmans, présents dans toute l’Afrique de l’Ouest, et autochtones agriculteurs. Certains membres de la communauté peule ont rejoint des groupes djihadistes et il n’est pas rare que des populations fassent l’amalgame entre Peuls et djihadistes et opèrent des représailles sanglantes sur fond de conflits intercommunautaires.