Pour Korian, le décès de cinq résidents à la suite d’une probable intoxication alimentaire au sein de La Chêneraie, son établissement de Lherm (Haute-Garonne), n’est pas seulement une tragédie humaine, il pourrait également se transformer en accident industriel, selon les résultats de l’enquête diligentée.

La Bourse l’a entendu ainsi. Le cours du champion européen des maisons de retraite, qui a racheté mi-février le groupe Omega, dont l’Ehpad haut-garonnais faisait partie, a connu une véritable descente aux enfers, en chutant de 7 % en séance. Lundi soir, Korian affichait une baisse de 4,8 %, à 34,36 euros.

Bénéfice de 123 millions d’euros

Avant cet accident, le groupe avait déjà connu plusieurs épisodes très compliqués qui ont écorné sa réputation ces dernières années. Entre fin 2016 et début 2017, treize pensionnaires d’un de ses établissements à Lyon avaient succombé à la grippe. En 2017, l’émission de France 3 « Pièces à conviction » avait étrillé la société, montrant comment elle tenait ses coûts, quitte à restreindre l’usage des couches pour les résidents.

De fait, le groupe est bien géré. Mi-mars, Korian a présenté un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros, en augmentation de 6,4 %, pour un bénéfice de 123 millions d’euros. Sous la direction de Sophie Boissard, une ancienne dirigeante de la SNCF, la société n’a d’ailleurs cessé de croître, en multipliant les acquisitions. Elle compte désormais 803 établissements en Europe, qui accueillent 300 000 personnes dans ses cliniques et Ehpad.

La société affiche une image haut de gamme et revendique notamment une offre de repas élaborés par ses propres équipes de cuisine, notamment à Lherm. D’ailleurs, le groupe a assuré que « le dernier contrôle réglementaire d’hygiène périodique, réalisé par un bureau d’étude externe, avait eu lieu le 12 février 2019. Les résultats de ce contrôle étaient conformes ». Selon des témoins cités par l’AFP, l’établissement avait fait cependant appel à un prestataire extérieur, ce qu’il a formellement démenti mardi.