Ils étaient une centaine mardi matin, parents, enfants et personnels encadrants, à manifester sous la pluie devant l’Hôtel de ville de Paris à l’appel des syndicats Force ouvrière des personnels de la ville de Paris, pour demander la conservation des jardins d’enfants. Ces structures sont en effet menacées par le projet de loi « pour une école de la confiance » adoptée par l’Assemblée nationale le 19 février et qui prévoit l’instauration de l’instruction obligatoire à 3 ans. Un amendement proposé par deux députés La République en marche (LRM) – Bruno Studer et Anne-Christine Lang – prévoyant la fin des jardins pédagogiques d’ici la rentrée scolaire 2021 a été adopté en première lecture. Le texte doit passer devant le Sénat mi-mai. Ces parents et personnels mobilisés demandent des mesures dérogatoires afin d’éviter la fin de ces établissements.

Ce type de structures, né dans l’entre-deux-guerres – ce modèle d’accueil de la petite enfance de 2 à 5 ans doit fêter ses cent ans en 2021 –, reste marginal en France contrairement à l’Allemagne et l’Angleterre : on compte en effet 315 jardins de ce type en France, pour 10 000 enfants pris en charge.

« Nous sommes sur un autre type de pédagogie plus active. C’est une alternative pour les parents qui veulent des lieux davantage basés sur le développement de l’enfant », explique Sébastien Pena, responsable d’un jardin pédagogique dans le 18e arrondissement de Paris.

Présente à ce rassemblement, Florie Debouchaud se bat pour préserver ces structures qui ont permis à son fils Joseph, atteint de diabète de type 1, d’être accueilli pour apprendre parmi des enfants sans handicap. « Nous avons essayé de le placer en école maternelle. Mais dans les écoles classiques il y a beaucoup de personnel qui se relaie auprès des enfants, alors qu’il aurait besoin d’un suivi constant », raconte-t-elle.

Continuité du suivi

Dans les jardins pédagogiques, la continuité du suivi des enfants est un principe scrupuleusement appliqué. « Quand on est éducateur de jeunes enfants dans ce genre de structures, c’est un travail à plein-temps. On est tout le temps avec les petits, que ce soit pendant la sieste, les repas ou les récréations. Les parents ont un vrai référent qui est en permanence avec leur enfant », explique Emilie C., éducatrice au jardin pédagogique Alphonse-Karr, dans le 19e arrondissement de Paris.

Jardins et écoles se différencient principalement par le statut des encadrants. Dans les jardins, ces derniers sont titulaires d’un diplôme d’état d’éducateurs pour jeunes enfants.

« Nous sommes formés à la psychologie, contrairement aux professeurs des écoles, insiste Emilie C. C’est pour cela que j’ai décidé d’y travailler plutôt que de devenir institutrice, qui était pourtant mon rêve depuis longtemps. »

Beaucoup de parents sont aussi séduits par le nombre réduit d’enfants par classe, garantie selon eux d’un meilleur apprentissage. « Dans la classe de mon fils, ils sont seulement dix-sept, alors que dans une école ils auraient été au moins vingt-cinq », souligne Daniela Cohen.

Dans l’entourage de Jean-Michel Blanquer, on précise que « l’idée, c’est que ces deux années donnent la possibilité à ces jardins de se transformer en structures différentes, à savoir des accueils périscolaires, des écoles privées hors contrat ou des crèches passerelles vers l’école pour enfants de 0 à 3 ans ».