La diffusion d’une campagne publicitaire du ministère de l’intérieur, qui appelle à voter aux élections européennes de mai 2019, a été refusée par Twitter, a-t-on appris mardi 2 avril auprès du gouvernement. Le réseau social a expliqué qu’il ne voulait pas prendre le risque d’enfreindre la nouvelle loi française contre les fausses nouvelles (« fake news »).

Promulguée le 22 décembre, cette loi « relative à la manipulation de l’information », adoptée par le Parlement à l’automne, impose aux principales plateformes numériques (Google, Facebook, Twitter...) de fournir les informations sur les publicités politiques qu’elles diffusent contre rémunération.

Selon la loi, les hébergeurs de publicité doivent ainsi rendre public le montant payé pour des publicités électorales, et mettre à disposition des électeurs un registre en ligne avec les informations sur l’identité des promoteurs de tels messages. Cela dans le but d’éviter des manipulations et des tentatives d’influence sur des scrutins pouvant être lancées à travers des publicités ciblées, dont l’origine pourrait émaner de groupes d’influence à l’étranger (comme cela a eu lieu en 2016 aux Etats-Unis).

« Jusqu’au-boutiste »

Cette nouvelle règle semble appliquée à la lettre par Twitter, dont les services ne permettent pas encore, en France, d’afficher de telles informations (Google et Facebook ayant, de leur côté, annoncé des dispositions en ce sens).

Dans ce contexte, Twitter a donc refusé de diffuser la campagne « #Ouijevote », coordonnée par le Service d’information du gouvernement (SIG), pour inciter à s’inscrire sur les listes électorales en vue du scrutin du 26 mai. Le gouvernement n’a pas pu diffuser sur le réseau social des publicités sous forme de tweets sponsorisés, que le principal organe de communication de l’Etat était pourtant prêt à payer.

Contacté par Le Monde, Twitter n’a pas encore répondu à nos questions sur le sujet. « Twitter a décidé d’avoir une politique complètement jusqu’au-boutiste qui est de couper toute campagne dite de nature politique », a expliqué la direction du SIG à l’Agence France-Presse. Le service d’information du gouvernement argue que la campagne bloquée depuis une dizaine de jours « est une campagne d’incitation à l’inscription au vote, c’est une campagne d’information publique, ce n’est pas une campagne politique ou d’un parti. (...) C’est selon nous un baroud d’honneur de leur part pour pouvoir remettre sur la table une discussion visant à aménager des dispositifs » prévus par la loi sur les fausses nouvelles, estime-t-on encore côté gouvernemental.