Le sultan de Brunei, Hassanal Bolkiah, prononce un discours près de la capitale, Bandar Seri Begawan, le 3 avril. / - / AFP

La décision a suscité l’indignation dans le monde occidental. Le sultanat de Brunei doit introduire, mercredi 3 avril, une nouvelle législation inspirée de la charia, qui rend l’adultère ainsi que les rapports sexuels entre hommes passibles de la lapidation et les rapports sexuels entre femmes de dix ans de prison.

Mardi, Paris a demandé à la minuscule monarchie située sur l’île de Bornéo de ne pas mettre en œuvre cette législation. « La France appelle le Brunei à renoncer à ce projet et à maintenir son moratoire de fait des exécutions capitales depuis 1957 », a déclaré la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Agnès von der Mühll, dans un communiqué. Cette législation est « contraire aux engagements internationaux » pris par Brunei en matière de droits de l’homme, que ce soit à l’Organisation des Nations unies (ONU) et au sein de l’Association des nations l’Asie du Sud-Est (Asean), a-t-elle relevé.

Les Etats-Unis et l’Allemagne ont également condamné mardi le projet du sultanat. Lundi, la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, avait également dénoncé les « peines cruelles et inhumaines » prévues et demandé l’annulation de ces dispositions.

« Renforcer » les enseignements de l’islam

L’acteur américain George Clooney, rejoint par le chanteur britannique Elton John, a de son côté lancé une campagne appelant au boycottage de neuf hôtels de luxe liés au sultan de Brunei.

Loin de reculer, le sultan Hassanal Bolkiah a déclaré, mercredi, vouloir « voir les enseignements de l’islam dans ce pays se renforcer ». Il a demandé à ce que l’appel à la prière se fasse entendre dans tous les lieux publics, pas uniquement dans les mosquées, pour rappeler les croyants à leurs devoirs.

Dans ce discours prononcé près de la capitale, Bandar Seri Begawan, le sultan, qui dirige la monarchie d’une main de fer depuis 1967, n’a pas fait référence à l’introduction du nouveau code pénal controversé.

Mais le gouvernement de Brunei avait confirmé ce week-end que le nouveau code pénal devrait s’appliquer dès mercredi. Face à la volée de critiques, le sultan a souligné que Brunei était un pays « juste et heureux ».

« Quiconque viendra dans le pays aura une expérience agréable et profitera d’un environnement sûr et harmonieux. »

Peines pour exhibitionnisme

Les lois qui prévoient aussi l’amputation d’une main ou d’un pied pour les voleurs feront de Brunei le premier pays d’Asie du Sud-Est à appliquer un code pénal suivant la charia à un niveau national, comme le fait l’Arabie saoudite.

Le sultan, l’une des plus grandes fortunes au monde, avait annoncé dès 2013 l’application progressive de la charia. De premières dispositions ont été introduites dès 2014 avec des amendes ou des peines de prison pour exhibitionnisme ou manquement à la prière du vendredi.

Il reste difficile d’évaluer le sentiment de la population face à l’application de la charia, puisqu’à Brunei, la plupart des 435 000 habitants évitent de critiquer le sultan. Celui-ci veut avant tout s’assurer le soutien de la communauté malaise musulmane, soit environ 70 % de la population.