Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, et le député Adrien Quatennens, le 2 avril, à l’Assemblée nationale. / ALAIN JOCARD / AFP

Des électeurs appelés à mettre la main au porte-monnaie. La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN, ex-Front national) ont chacun lancé un emprunt et demandé aux citoyens de donner de l’argent pour financer leur campagne aux élections européennes.

Avec succès, selon le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, qui a assuré mercredi 3 avril qu’un million d’euros avaient déjà été collectés, trois jours après le début de la « campagne d’emprunt populaire » du parti.

Dimanche, LFI a précisé les modalités de cet emprunt : les Français peuvent verser au minimum 400 euros, via un site Internet, et seront remboursés de la somme « dans un délai de douze mois ».

Dans un communiqué, LFI a souligné que « le financement des campagnes électorales est un enjeu démocratique ». Pour preuve, « certaines listes renoncent à se présenter faute d’avoir à disposition les financements nécessaires pour mener une campagne ». Selon LFI, dont « le budget global envisagé est de quatre millions d’euros », « la difficulté provient des délais de traitement des demandes de prêt par les banques », ajoute-t-on, et « celles-ci répondent très tardivement et ne versent, le cas échéant, le montant du prêt que quelques semaines, voire quelques jours, avant le vote ».

« Droit de vie ou de mort » des banques

Mardi, Marine Le Pen a emboîté le pas à LFI et annoncé lancer à son tour un emprunt auprès des électeurs pour financer sa campagne. « C’est [aux Français] que revient – c’est terrible parce que ça ne devrait pas être le cas – la mission de sauver le fonctionnement démocratique de notre pays », a déclaré sur LCI la chef du RN.

La députée du Pas-de-Calais a critiqué les banques :

« Aujourd’hui, l’intégralité des partis d’opposition est aux mains des banques, et ce sont les banques qui décident à qui on prête. (…) Les banques ont droit de vie ou de mort sur les listes électorales. »

Le RN a rappelé soutenir le projet, lancé par le chef du MoDem, François Bayrou, d’une « banque de la démocratie », qui devait être un établissement public permettant de s’affranchir des financements des banques privées pour les prêts aux partis et candidats. Mais le dispositif a été abandonné par le gouvernement dès l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron.

Pour la présidentielle de 2017, le FN devenu RN n’avait pas non plus obtenu de prêt bancaire et avait contracté deux prêts auprès de Cotelec, le microparti de Jean-Marie Le Pen. Pour les législatives, l’ancienne candidate à la présidentielle avait lancé un « emprunt patriotique ». Pour les européennes, Jean-Marie Le Pen a déclaré début février que Cotelec ne pourrait pas prêter d’argent au RN qui, « pour l’instant, n’est pas en mesure de nous payer ».