L’avis du « Monde » – à ne pas manquer

Comme on souffle sur une fleur de pissenlit, et avant que tout ne s’envole en poussières, La Flor – partie 4, de l’Argentin Mariano Llinas termine son voyage en salle dans un bouquet d’images des plus enivrants. Hommage au cinéma, à la peinture, à la littérature, cette fresque pensée comme une nouvelle de Borges aura traversé la série B, la comédie musicale, le film d’espionnage… Comme si le réalisateur voulait rendre hommage à tous les arts sur la « pellicule ». C’est peut-être aussi le moment le plus opportun pour les spectateurs qui souhaiteraient découvrir les quatre volets dans la foulée – les précédentes parties étant encore à l’affiche.

Lire la critique de « La Flor – partie 1 » : Un foisonnant bouquet de fictions

Film dans le film, la partie 4 s’écrit aux côtés d’un scénariste en quête d’histoire, d’un réalisateur dionysiaque au bout du rouleau s’égosillant à diriger ses comédiennes, et bien d’autres protagonistes travaillant à la fabrication de l’œuvre. Sans discours, Mariano Llinas dit beaucoup de choses sur l’écriture d’un film, le tournage et l’industrie du cinéma. Les quatre comédiennes, Elisa Carricajo, Valeria Correa, Pilar Gombao et Laura Paredes apparaissent plus libres que jamais, avant de disparaître dans les derniers « tableaux ».

Une œuvre collective

Le récit va-t-il se développer dans cette étrange clinique de « fous », à l’atmosphère suave et fantasque qu’aurait pu explorer le cinéaste portugais Joao Cesar Monteiro ? Mais le bateau s’éloigne et remonte le temps, accoste chez Casanova en perruque poudrée, puis revisite un autre chef-d’œuvre, Partie de campagne (1946) de Jean Renoir, dans un remake muet – ne subsistent que la musique originale du film et quelques dialogues évocateurs. Là-haut, dans le ciel, un avion fait des pirouettes et en course un autre… Magie du cinéma et remerciements à l’aviation militaire pour sa participation inattendue au scénario.

Lire la critique de « La Flor – partie 2 » : Un tortueux récit d’espionnage

Au moment où La Flor débarquait sur les écrans français, Mariano Llinas expliquait dans Le Monde du 6 mars, que la notion d’auteur héritée de la Nouvelle Vague mériterait d’être revue, le réalisateur n’étant pas le seul maître à bord. Comme un ultime hommage à l’histoire de l’art, Mariano Llinas nous enchante avec ces « baigneuses » qui ont inspiré tant de peintres, Auguste Renoir, Paul Cézanne… Il fallait un générique de fin digne de ce nom pour accepter de lâcher une telle aventure, et celui de La Flor est sans doute l’un des plus longs – et renversants – de l’histoire du cinéma, réaffirmant l’idée qu’un film est une œuvre collective.

LA FLOR - Bande annonce
Durée : 02:19

Film argentin de Mariano Llinas. Avec Elisa Carricajo, Valeria Correa, Pilar Gombao, Laura Paredes (3 h 28). Sur le Web : www.arpselection.com/la-flor-468.html