Soixante-deux personnes ont été tuées entre dimanche 31 mars et mardi 2 avril, lors d’attaques djihadistes suivies d’affrontements intercommunautaires dans la commune d’Arbinda (au nord du Burkina Faso), selon un nouveau bilan annoncé mercredi soir par le ministre de l’administration territoriale.

« Nous avons 32 morts du fait des terroristes (…) Trente qui sont décédées du fait des conflits communautaires, des représailles entre [communautés] Kouroumba, Peuls, Mossis, etc. », a précisé le ministre Siméon Sawadogo à la télévision. Un précédent bilan établi par le gouverneur de la région du Sahel, Hyacinthe Péguy Yoda faisait état de 7 morts.

Les djihadistes « ont pourchassé les gens et ont commis des tueries. Les terroristes ont également enlevé neuf personnes qu’ils détiennent. »

Dans la nuit de dimanche, des individus armés ont pénétré dans le village de Hamkan, situé à 7 km d’Arbinda, où ils ont assassiné le cheikh (leader religieux) du village, son fils aîné et son neveu. « Suite à l’assassinat du cheikh Werem, il y a eu des échauffourées entre les communautés à Arbinda, qui ont entraîné des représailles de part et d’autre », a détaillé le ministre Sawadogo, regrettant une « situation déplorable ». « Dans cette situation, il y a eu une migration interne qui s’est opérée » avec « des populations déplacées des villages environnants qui se sont retrouvés à Arbinda », a affirmé M. Sawadogo. « La situation sécuritaire est telle que personne n’est à l’abri (…). Un dispositif [de sécurité] supplémentaire a été envoyé à Arbinda. »

L’intention de « mettre en conflit les différentes communautés »

Au Burkina Faso, tout comme au Mali, les tensions dégénèrent périodiquement en violences entre Peuls, traditionnellement éleveurs, souvent nomades et musulmans, présents dans toute l’Afrique de l’Ouest, et autochtones agriculteurs.

Certains membres de la communauté peule ont rejoint des groupes djihadistes. Il n’est pas rare que des populations fassent l’amalgame entre les deux, et opèrent des représailles sanglantes sur fond de conflits intercommunautaires.

Ces incidents se sont produits quelques jours à peine après le massacre de quelque 160 habitants peuls au Mali voisin le 23 mars. « L’intention des terroristes, c’est justement de mettre en conflit les différentes communautés qui vivent en symbiose », a souligné M. Sawadogo, appelant les populations « à ne pas tomber dans le piège en indexant une communauté comme étant la cause de notre malheur ».

Confronté depuis quatre ans à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières, le Burkina Faso enregistre également des affrontements intercommunautaires.