Donald Trump, accompagné d’une horde de journalistes à Calexico, vendredi 5 avril. / KEVIN LAMARQUE / REUTERS

« Notre système est complet, on ne peut plus vous accepter. Notre pays est complet », a martelé Donald Trump. « Alors rebroussez chemin. » Le président américain s’est rendu vendredi 5 avril à Calexico, petite ville californienne aux portes du Mexique, pour délivrer de la plus simple des manières son message contre l’immigration clandestine : les Etats-Unis n’ont plus de capacités d’accueil.

Les clandestins « submergent notre système d’immigration et ça ne peut plus continuer », lors d’une rencontre avec des agents de la police aux frontières, avant d’aller inspecter un tronçon du mur qu’il entend ériger entre les deux pays. Donald Trump a aussi vanté les résultats de sa fermeté face à son voisin du sud dans cette ville située à quelque 300 km au sud-est de Los Angeles.

« Le Mexique, pour la première fois depuis des décennies, effectue des interpellations significatives à sa frontière sud, avant que les migrants n’entament leur long périple vers les Etats-Unis », s’est-il félicité. « Le Mexique se comporte de manière absolument fantastique depuis quatre jours. Ils arrêtent tout le monde. »

La menace de fermer la frontière

Le milliardaire républicain a toutefois de nouveau averti qu’il pourrait imposer des tarifs douaniers sur les voitures importées du Mexique en cas d’inversement de la tendance. « S’ils continuent [à interpeller les migrants], tout se passera bien. Sinon, nous allons taxer leurs voitures à 25 % », a-t-il déclaré.

Le président américain reproche aux Mexicains de laisser les migrants originaires d’Amérique centrale – essentiellement du Honduras, du Guatemala et du Salvador – transiter sur son sol pour rejoindre les Etats-Unis.

Le président américain a assuré que la menace d’une fermeture pure et simple de la frontière restait sur la table, bien qu’une telle mesure donne des sueurs froides aux milieux d’affaires et à de nombreux élus républicains.

« Fermer la frontière pourrait avoir un impact économique catastrophique sur notre pays et j’espère que nous n’allons pas le faire », avait mis en garde en début de semaine le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell.

« Je pourrais la fermer à un moment donné, mais je préfère imposer des taxes », a-t-il dit vendredi.

Des manifestants de l’autre côté du mur

Le ballon « bébé Trump » flottant au niveau de la frontière. / CARLOS JASSO / REUTERS

A Calexico, devant un tronçon déjà érigé, le président américain a vanté les mérites de l’édifice. « Très, très difficile à escalader. C’est un très beau mur, je crois qu’il a vraiment l’air fantastique », a-t-il affirmé.

Mais de l’autre côté de la frontière, dans la ville de Mexicali, ce sont près de 200 personnes qui manifestaient sous un ballon géant représentant Donald Trump en bébé grincheux portant une couche-culotte. « Arrêtez de séparer les familles ! », « si vous construisez le mur, ma génération l’abattra », disaient quelques-unes des pancartes brandies par les manifestants.

« Ici, c’est une communauté sans frontières. Le bien-être de [Calexico] est fondé sur l’économie fournie par les habitants de Mexicali », a dit une manifestante, Esther Martinez, 43 ans.

La frontière entre la première économie du monde et son troisième partenaire commercial est traversée dans les deux sens, tous les jours, par des centaines de milliers de personnes et par 1,7 milliard de dollars de produits agricoles, industriels et autres biens de consommation.