Le président sénégalais Macky Sall prête serment pour son deuxième mandat, au Sénégal, le 2 avril 2019. REUTERS/Christophe Van Der Perre / CHRISTOPHE VAN DER PERRE / REUTERS

Le président Macky Sall a décidé d’orienter le Sénégal vers un régime de type présidentiel en confiant à son premier ministre, reconduit samedi 6 avril, la tâche de supprimer à moyen terme la fonction de chef de gouvernement, gage selon lui d’une plus grande efficacité pour mener à bien d’ambitieuses réformes.

Le Sénégal, qui fait figure de modèle démocratique en Afrique, s’était déjà passé de premier ministre dans les années 1960 sous la présidence de Léopold Sédar Senghor et au début des années 1980 sous celle d’Abdou Diouf.

Quatre jours après avoir prêté serment pour un second mandat de cinq ans, Macky Sall a reconduit dans ses fonctions son premier ministre depuis 57 mois, Mahammed Boun Abdallah Dionne, le chargeant de constituer rapidement un gouvernement « resserré » et « recentré sur les missions essentielles de l’Etat ».

Mais il lui a aussi confié la tâche de présenter à l’Assemblée nationale, où il dispose d’une confortable majorité, une réforme qui « passera par la suppression de l’échelon intermédiaire de premier ministre », a lui-même expliqué M. Dionne depuis le palais présidentiel.

« Ce dont il s’agit, c’est de diminuer les goulots d’étranglement pour que l’information circule davantage » et pour que les réformes aient « davantage d’impact pour les populations », a souligné à la télévision M. Dionne.

Une nouvelle dynamique

Pendant la période de transition, Mahammed Boun Abdallah Dionne cumulera ses fonctions à la Primature et celles de nouveau secrétaire général de la présidence de la République, dont les bureaux sont situés dans le palais présidentiel, de l’autre côté de l’avenue Léopold Sédar Senghor, dans le centre de Dakar. Ensuite, « la deuxième fonction qui m’a été confiée prendra le dessus bien entendu », a-t-il précisé.

Macky Sall a décidé « d’insuffler une nouvelle dynamique à la conduite des affaires publiques » avec pour objectifs « la simplicité dans l’organisation », « la souplesse dans l’action » et « la clarté et la lisibilité des échelles de responsabilités », avait peu avant expliqué le secrétaire général de la présidence de la République sortant, Maxime Jean-Simon Ndiaye.

Le chef de l’Etat a donc décidé de « reconsidérer » la fonction de Premier ministre pour « être lui-même au contact direct avec les niveaux administratifs » chargés de conduire ses politiques, selon M. Ndiaye.

Le plan Sénégal émergent, phase 2

« Il faudra faire une modification au poste de premier ministre. Il faudra que l’on puisse répondre avec célérité aux demandes des populations et à la demande récurrente des jeunes sur l’emploi, aux questions de développement et à l’accès universel » aux services publics, avait confié dans l’après-midi Macky Sall à M. Dionne, selon des images télévisées de leur entretien.

« Une fois la réforme passée vous pourrez m’aider dans le suivi de la mise en œuvre de l’action du gouvernement », lui avait-t-il expliqué.

Macky Sall, 57 ans, a vu dans sa réélection la validation de son plan Sénégal émergent (PSE), qui s’est notamment traduit par une politique de grands travaux tels que la construction d’un nouvel aéroport international, d’une ville nouvelle aux portes de Dakar ou d’un Train express régional.

Pour son second mandat, il s’est engagé à « faire encore plus et mieux », faisant de la jeunesse, des femmes et de l’environnement ses priorités.

Au pouvoir depuis 2012, il avait été réélu dès le premier tour du scrutin le 24 février avec 58,26 % des voix, loin devant l’ex-premier ministre Idrissa Seck (20,51 %), le candidat antisystème Ousmane Sonko (15,67 %), le président d’université privée Issa Sall (4,07 %) et l’ex-ministre Madické Niang (1,48 %).

L’opposition n’a pas réagi immédiatement à l’annonce de cette réforme à la tête de l’Etat. Elle avait dénoncé l’invalidation des candidatures de Karim Wade, fils et ancien ministre de son prédécesseur Abdoulaye Wade (2000-2012), et de Khalifa Sall, maire déchu de Dakar, tous deux frappés par des condamnations judiciaires, ainsi que l’instauration d’un nouveau système de parrainages qui a éliminé 20 des 27 prétendants.