C’est une mesure concrète qui découle du plan pauvreté annoncé par le chef de l’Etat en septembre : la « cantine à un euro » sera lancée d’ici à fin avril. Ce dispositif « concernera jusqu’à 10 000 communes », annonce, dimanche 7 avril, la secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la santé, Christelle Dubos, dans une interview au Journal du dimanche (JDD).

« Dans beaucoup de communes rurales, les cantines n’offrent pas de tarification sociale. Du coup, les familles les plus en difficulté n’y mettent pas leurs enfants », explique-t-elle :

« Les communes qui s’engagent recevront une aide de l’Etat de 2 euros par repas, sachant qu’il coûte en moyenne 4,50 euros. »

Autre mesure de ce plan : les petits déjeuners gratuits dans les écoles des quartiers en difficulté. Ils seront mis en place à partir du 17 avril dans huit académies test, parmi lesquelles Amiens, Toulouse ou encore Montpellier. Ils seront ensuite généralisés sur tout le territoire en septembre.

« Dans les zones défavorisées, un enfant sur dix arrive en classe le ventre vide. Il n’a donc pas les mêmes chances d’apprentissage qu’un camarade qui a le ventre plein. Mettre en place le petit déjeuner à l’école, c’est une mesure de bon sens qui s’attaque aux racines des inégalités », souligne Christelle Dubos.

Le jeûne matinal et son impact sur la scolarité

Le gouvernement avance le chiffre de 15 % des enfants défavorisés (7 % en moyenne) qui arrivent le ventre vide le matin à l’école. Une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), menée en 2015 auprès de 540 professeurs du CP au CM2, faisait état d’une moyenne de trois élèves par classe repérés comme sautant la collation du matin, quota susceptible d’atteindre cinq enfants par classe en zone d’éducation prioritaire.

Les professeurs des écoles évoquaient la fatigue des écoliers, leur manque de concentration, leur agitation, des maux de ventre, des malaises…

Interrogés sur les conséquences de ce jeûne matinal, les professeurs des écoles évoquaient, pêle-mêle, la fatigue des écoliers, leur manque de concentration, leur agitation, mais aussi des maux de ventre, des malaises… Cette question de la sous-alimentation et de son impact sur la scolarité figurait déjà aussi en bonne place dans le rapport consacré, en 2015, à la grande pauvreté et à la réussite scolaire, remis par l’inspecteur général Jean-Paul Delahaye à Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’éducation. M. Delahaye y défendait le fait que la restauration scolaire devienne un « droit sans aucune condition ».

En septembre, le président de la République avait annoncé un plan pour la « stratégie nationale » de lutte contre la pauvreté, doté de 8,5 milliards d’euros. Parmi les mesures promises, la cantine à un euro, le petit déjeuner gratuit, mais aussi le revenu universel d’activité (RUA) qui fusionnera « le plus grand nombre possible de prestations », du RSA aux aides au logement, et dont « l’Etat sera entièrement responsable », avait-il dit.

« Une concertation citoyenne et institutionnelle sera organisée début mai et posera toutes les questions : faut-il intégrer au RUA l’allocation spécifique de solidarité, l’allocation adulte handicapé, le minimum vieillesse, un dispositif pour les moins de 25 ans ? », annonce encore Mme Dubos dans le JDD.