Le président des Maldives, Ibrahim Mohamed Solih, et l’ancien président Mohamed Nasheed, lors d’un meeting de campagne à Malé (Maldives), le 4 avril 2019. / Ashwa Faheem / REUTERS

L’ancien président en exil des Maldives, Mohamed Nasheed, a promis, dimanche 7 avril, de vastes réformes et la fin de la corruption au lendemain de l’écrasante victoire de son parti aux législatives.

Sa formation, le Parti démocratique maldivien (PDM), a obtenu plus des trois quarts des sièges (68 sur 87) au Parlement de cet archipel touristique de l’océan Indien, qu’il dirigea de 2008 à 2012 et dans lequel il ne fit son retour qu’il y a cinq mois.

Mohamed Nasheed s’est engagé à mettre à profit le succès électoral de son parti pour assurer une nouvelle ère de démocratie et de stabilité après des années d’autoritarisme, de crises politiques et de scandales de corruption au sein du gouvernement et du système judiciaire. « Notre premier devoir est d’apporter la paix au gouvernement », a déclaré cet homme de 51 ans devant ses partisans réunis dans la capitale, Malé.

Sa victoire représente en revanche un nouveau et cinglant désaveu pour l’ex-homme fort des Maldives, Abdulla Yameen, qui avait déjà essuyé une défaite surprise à l’élection présidentielle de septembre 2018. Accusé de blanchiment d’argent et de détournement de fonds, M. Yameen ne s’est pas présenté aux législatives. Sa formation, le Parti progressiste des Maldives (PPM), n’est créditée que de quatre sièges.

« Le temps des montres Rolex est terminé »

Mohamed Nasheed avait été emprisonné à de multiples reprises et contraint de s’exiler en Grande-Bretagne et au Sri Lanka. Il est rentré dans son pays en novembre 2018, deux mois après la victoire de son adjoint, Ibrahim Mohamed Solih, à la présidentielle, à laquelle il lui avait été interdit de participer.

« Le temps des montres Rolex est terminé », a-t-il lancé, faisant allusion aux accusations selon lesquelles les députés de cet archipel de 340 000 habitants ont pu être achetés avec des cadeaux de luxe. « Le Parlement que vous avez élu aujourd’hui est intègre. » M. Nasheed, qui a été élu député, a également promis que le régime deviendrait une démocratie parlementaire et donc de supprimer le système présidentiel en vigueur depuis 2008, la date de la fin du règne du dictateur Maumoon Abdul Gayoom, le demi-frère d’Abdulla Yameen.

Arrivé au pouvoir en 2013 dans des circonstances litigieuses, Abdulla Yameen a dirigé d’une main de fer les Maldives, emprisonnant ou forçant à l’exil ses opposants, muselant la presse et la société civile. M. Nasheed avait été condamné en 2015 à treize ans de prison pour un chef d’accusation lié au terrorisme, une décision considérée par l’ONU comme ayant revêtu un caractère politique. Mais il avait pu quitter l’archipel un an plus tard après avoir reçu une autorisation de sortie pour recevoir des soins médicaux au Royaume-Uni. Après l’arrivée au pouvoir du président Solih, la Cour suprême avait annulé sa condamnation.

Avant ce retournement politique, Washington avait menacé de sanctions ce pays qui s’était rapproché de la Chine sous le règne de M. Yameen. M. Nasheed a dénoncé l’endettement auprès de Pékin des Maldives, accusant M. Yameen d’avoir bradé l’avenir de ces îles paradisiaques pour les touristes.