Delphine Cascarino a réalisé un doublé lors du succès des Bleues face au Danemark. / VINCENT KESSLER / REUTERS

L’échéance approche à grand pas. La Coupe du monde débute dans deux mois et tous les voyants sont au vert pour l’équipe de France féminine, qui reste sur onze victoires lors de ses douze derniers matchs. Lundi 8 avril à Strasbourg, quelques jours après une belle victoire contre le Japon, les Bleues ont largement dominé les Danoises (4-0), vice-championnes d’Europe en titre mais non qualifiées pour le Mondial.

Titularisée sur le flanc droit de l’attaque, Delphine Cascarino a été la grande joueuse de la rencontre : elle a inscrit les deux (superbes) premiers buts aux 30e et 48e minutes. Griedge Mbock s’est chargée du troisième d’une frappe puissante à bout portant (52e) tandis que Valérie Gauvin l’a imitée, d’un peu plus loin, pour le quatrième but (65e).

D’ici le match d’ouverture face à la Corée du Sud le 7 juin prochain, les Tricolores n’ont désormais plus que deux matchs de préparation à disputer, contre la Thaïlande et la Chine. Cette rencontre amicale face au Danemark revêtait donc une importance supplémentaire : il s’agissait de la dernière sortie des footballeuses françaises avant l’annonce de la liste des 23 joueuses qui disputeront la Coupe du monde 2019. Cette dernière interviendra lors de la première quinzaine de mai, pour la première fois sur le plateau du journal télévisé de 20 heures de TF1.

Malgré son discours de prudence, la sélectionneuse, Corinne Diacre, qui a pris un malin plaisir à réaffirmer devant la presse qu’elle se concentrait sur les matchs, doit tout de même avoir les idées plus claires. « C’est possible, tout est ouvert tant que la liste n’est pas définie. Mais ce n’est pas perdre ou gagner une place, c’est un choix que je ferai. Ça va se jouer sur des détails », expliquait-elle avant la rencontre.

Sa capitaine, Amandine Henry, incontournable au milieu de terrain, avait tenté de dédramatiser l’enjeu en conférence de presse d’avant-match. « Forcément quand on fait partie du groupe, on a envie d’y rester. Ce n’est pas une pression, au contraire entre nous ça se passe super bien. Il faut toutes jouer comme si c’était notre dernier match et se donner à fond, à 200 %, pour ne rien regretter, avait-elle expliqué, C’est la dernière répétition avant que la liste ne sorte, on a à cœur de faire une belle performance chacune de son côté mais aussi collectivement. C’est une concurrence saine. »

Devant 15 874 spectateurs enthousiastes du stade de la Meinau (17 000 billets avaient été mis en vente), les Bleues ont offert une nouvelle belle performance. Séduisantes offensivement, elles ont également montré une belle solidité. Une performance qui n’est pas anodine face à l’une des meilleures joueuses au monde côté danois, Pernille Harder. La no 10, élue deuxième du premier Ballon d’or féminin en décembre dernier, a été bien contrôlée.

Une liste presque déjà construite

Depuis le début de l’année, la rotation s’est nettement ralentie au sein de groupe. Les tests sont moins fréquents et Corinne Diacre a trouvé une ossature solide et performante. « Ça fait un moment que les mêmes joueuses sont convoquées. Je pense qu’elle a son noyau, 3 ou 4 places sont peut-être encore incertaines. Maintenant, elle devra faire en fonction des éventuelles blessures et suivre aussi la fin de championnat », analyse Camille Abily, toute jeune retraitée aux 183 sélections.

Les derniers tickets pour le Mondial à domicile devront en effet être tranchés entre plusieurs éléments. En attaque, Corinne Diacre avait par exemple choisi de sélectionner cette fois-ci Emelyne Laurent à la place de la Parisienne Marie-Antoinette Katoto. Au milieu de terrain, la Barcelonaise Kheira Hamraoui a également fait son retour après de longs mois d’absence. « Plusieurs joueuses comme Emelyne Laurent ou Maéva Clemaron sont appelées de temps en temps. Cela va se jouer entre ces filles-là », lance Camille Abily.

Celle qui commente les matchs des Bleues sur W9 fait tout de même un pari. Elle croit en la présence sur la liste finale de la grande absente de ce mois d’avril, Marie-Antoinette Katoto. « Je pense sincèrement qu’elle ira à la Coupe du monde. C’est vraiment un talent pur, prédit-elle avant de lancer un avertissement. Après, c’est vrai qu’elle a été décevante lors du Mondial U 20 [en août 2018]. On attend beaucoup d’elle, on en fait beaucoup. Il est important de ne pas lui mettre trop de pression. »

Face au Danemark lundi soir, Corinne Diacre a également montré que son onze titulaire pouvait encore réserver une ou deux incertitudes et même des surprises. Devant, si Valérie Gauvin (très active et buteuse lundi) et Eugénie Le Sommer (meilleure buteuse en activité des Bleues avec 74 buts) semblent indéboulonnables, la troisième place se dispute entre Kadidiatou Diani et Delphine Cascarino, deux joueuses ultra rapides et insouciantes.

Un onze qui peut encore bouger

Chacune a débuté l’un des deux derniers matchs. Diani a été performante face au Japon et Cascarino est parfaitement entrée en jeu, jeudi 4 avril, avant de s’illustrer avec brio en tant que titulaire contre les Danoises. La Lyonnaise a débloqué la situation à la suite d’un beau mouvement : transversale de la défenseuse centrale Griedge Mbock, contrôle aérien de Cascarino, double crochet puis frappe croisée imparable (31e, 1-0). Puis elle a doublé le score sur une demi-volée splendide à l’extérieur de la surface de réparation, après un corner mal repoussé.

Au milieu de terrain, Charlotte Bilbault (Paris FC) a obtenu, à 28 ans, une nouvelle titularisation au détriment de l’habituelle titulaire, Elise Bussaglia (33 ans). L’expérimentée Dijonnaise, passée par des grands clubs comme Lyon, le PSG, Woflsburg ou encore le Barça, paraît cependant encore bénéficier d’une certaine avance.

Griedge Mbock a inscrit le troisième but des Bleues. / PATRICK HERTZOG / AFP

En défense, cela ne lui arrive pas souvent mais l’emblématique Wendie Renard (108 capes) n’a pas quitté le banc des remplaçantes. L’ex-capitaine des Bleues a été suppléée par Aissatou Tounkara, plutôt solide. La joueuse de l’Atlético Madrid est une remplaçante de bon niveau, qui pourrait à l’avenir avoir son mot à dire.

A l’image du travail réussi par son homologue de l’équipe de France masculine, Didier Deschamps, champion du monde à l’été 2018, Corinne Diacre sait qu’elle doit trouver l’équilibre parfait entre la vie de groupe et la sélection des meilleures joueuses. Les prémices d’une éventuelle campagne victorieuse, la première pour les Bleues, se fondent obligatoirement sur la construction réussie de la liste.

« Corinne a douze ou treize joueuses capables de débuter. Avec son expérience de joueuse internationale et de coach, elle fera, j’en suis sûre, la meilleure liste possible », assène Camille Abily.