Manifestation de « gilets jaunes » à Bordeaux, le 6 avril. / GEORGES GOBET / AFP

Dans l’attente des premières annonces d’Emmanuel Macron après le grand débat national, les « gilets jaunes », dont la mobilisation a accusé un recul la semaine dernière, vont tenter de maintenir la pression pour l’acte XXII, avec notamment un rassemblement national prévu à Toulouse, parmi les principaux bastions du mouvement.

  • « Tous à Toulouse ! »

Plusieurs appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour faire de Toulouse la « capitale des gilets jaunes », après une faible mobilisation la semaine dernière. Parmi les figures du mouvement, Priscilla Ludosky ou Maxime Nicolle, alias Fly Rider, ont annoncé qu’ils seraient présents, ce dernier prédisant un « gros week-end ». Jusqu’à 10 000 manifestants avaient été dénombrés mi-janvier dans cette place forte des « gilets jaunes ».

La manifestation, non déclarée, doit partir vers 12 heures du centre, à proximité de la place du Capitole, qui a une nouvelle fois été interdite aux manifestants par un arrêté préfectoral. Des renforts sont en particulier attendus de Bordeaux, où les Toulousains étaient allés grossir les rangs le 30 mars, et de Montpellier. Mais « pour ceux qui ne peuvent pas aller à Toulouse », une marche est aussi prévue dans le centre de Montpellier à 14 heures, sous le mot d’ordre « Nous ne céderons pas à la répression ! », alors que la loi anticasseurs s’appliquera pour la première fois au mouvement.

Evoquant une « volonté d’en découdre » des « gilets jaunes » dans la Ville rose, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a relevé qu’il y aura, là comme ailleurs, un dispositif proportionné.

  • A Paris, une marche pour la « liberté de manifester »

A Paris aussi, la loi anticasseurs sera dans le collimateur des manifestants. Un premier cortège, déclaré par des « gilets jaunes » pour « la défense du droit de manifester » et « l’abrogation de la loi liberticide » doit aller jusqu’à la place de la République, d’où s’élancera ensuite une marche pour « la liberté de manifester », organisée par plusieurs associations (dont Ligue des droits de l’homme, Amnesty international, Attac, UNEF, SOS Racisme…). Une cinquantaine d’organisations ont signé un appel pour l’abrogation de ce nouveau texte.

Comme ces derniers week-ends, la préfecture de police a pris un arrêté interdisant tout rassemblement de « gilets jaunes » sur les Champs-Elysées et les rues perpendiculaires.

  • Un nouveau cadre législatif

Le ministre de l’intérieur a, lui, insisté sur la mise en vigueur dès samedi du nouveau cadre législatif, indiquant avoir envoyé vendredi matin « une circulaire à l’ensemble des préfets pour les inviter à préparer la bonne utilisation de ces dispositifs, à travailler avec les procureurs, les parquets ».

La loi, partiellement censurée début avril par le Conseil constitutionnel, « donne un certain nombre de moyens qui nous permettront de faire des fouilles renforcées contre les armes par destination dans les vingt-quatre heures qui précèdent », a-t-il détaillé. Il a rappelé que le fait de se masquer, de cacher son visage « à un moment d’émeute » devient ainsi « un délit passible d’une peine d’un an [de prison] et de 15 000 euros d’amende ».

Mais « la menace semble plus forte pour le 20 avril, vous avez vu un certain nombre d’appels qui invitent quasiment à détruire Paris », a mis en garde le ministre. Un écho aux inquiétudes dans la majorité sur une relance de la contestation des « gilets jaunes » au cas où Emmanuel Macron échouerait à répondre aux attentes.

  • Des arbitrages bientôt annoncés

De premières décisions du chef de l’Etat sont attendues dans les prochains jours. Ces décisions seront « puissantes et concrètes », a assuré mardi le premier ministre, Edouard Philippe, évoquant aussi l’ouverture de « grands chantiers », autour de plusieurs axes de réforme, à commencer par une baisse des impôts ou encore davantage de services publics sur le terrain.

Mais Christian Secolo, « gilet jaune » qui se prépare à manifester à Toulon, n’en attend « rien » : « Qu’est-ce que vous voulez qu’il change ? Il ne va pas aller contre sa propre politique. Ce qui était le plus demandé par les gens, c’est ce qui concerne le pouvoir d’achat et l’ISF [impôt sur la fortune] et ça passe encore à l’as. » « On en n’est même plus à la colère, on en est à un profond dégoût », renchérit à Marseille Chantal Moraud, une assidue du mouvement, qui prévoit de défiler une fois de plus depuis le Vieux-Port samedi.

Loi « anticasseurs » : adoptée... mais contestée
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