Des manifestants soudanais protestent contre l’annonce d’un conseil de transition dirigé par des militaires, devant le ministère de la défense à Khartoum (Soudan), le 12 avril 2019. / STRINGER / REUTERS

Le Conseil militaire de transition, au pouvoir au Soudan depuis la destitution, jeudi, du président Omar Al-Bachir, a promis, vendredi 12 avril, que le futur gouvernement serait « un gouvernement civil », gageant qu’il y aurait un dialogue de l’armée « avec les entités politiques ».

« Nous allons dialoguer avec toutes les entités politiques pour préparer le climat des échanges en vue de la réalisation de nos aspirations », a déclaré le général Omar Zinelabidine, membre du Conseil militaire de transition, pour tenter d’apaiser les manifestants opposés à une transition militaire. Au cours d’une conférence de presse à Khartoum retransmise à la télévision, le général – présenté comme le chef du comité politique militaire mis en place par le Conseil militaire au pouvoir – a également assuré que le futur gouvernement serait « un gouvernement civil », mais il n’a pas précisé de date quant à sa mise en place.

Le président Omar Al-Bachir, qui dirigeait le Soudan d’une main de fer depuis trente ans, a été renversé, jeudi 11 avril, par un coup d’Etat de l’armée, dans le sillage d’un soulèvement populaire, et remplacé par un « Conseil militaire de transition » pour deux ans. A sa tête a été nommé le général Awad Mohamed Ahmed Ibn Auf, ministre de la défense depuis 2015, après que ce dernier a annoncé à la télévision d’Etat « la chute du régime et le placement en détention dans un lieu sûr de son chef ».

En réponse à une question des journalistes sur le sort d’Omar Al-Bachir, le général Zinelabidine, chef d’état-major de l’armée et chef adjoint du Conseil militaire de transition, a confirmé vendredi que le président déchu était « actuellement en détention ». M. Al-Bachir ne sera pas « livré à l’étranger », a-t-il assuré, alors qu’il est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale de La Haye.

« Notre mission essentielle est de préserver la sécurité et la stabilité du pays », a d’autre part déclaré le général, affirmant que l’armée ne « permettra[it] aucune atteinte à la sécurité » sur l’ensemble du territoire du Soudan.

Une « photocopie du régime »

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des milliers de manifestants ont marqué leur rejet de la mise en place d’instances militaires de transition en se rassemblant devant le quartier général de l’armée malgré le début d’un couvre-feu, imposé par M. Ibn Auf, pour un mois, de 22 heures à 4 heures, heure locale. « Les gens ne veulent pas un Conseil militaire de transition », mais « un conseil civil » a déclaré dans un tweet Alaa Salah, l’étudiante devenue « l’icône » du mouvement.

Pour beaucoup de Soudanais, cette nouvelle donne politique n’est qu’une « photocopie du régime ». « Le régime a mené un coup d’Etat militaire en présentant encore les mêmes visages […] contre lesquels notre peuple s’est élevé », a réagi jeudi la Déclaration pour la liberté et le changement – union de partis d’opposition et de professionnels soudanais. « Nous appelons notre peuple à continuer son sit-in devant le QG de l’armée et à travers le pays. »

Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et l’Union européenne (UE), ont exhorté les militaires à intégrer les civils pour cette transition. De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a réclamé que la transition au Soudan respecte les « aspirations démocratiques » du peuple.

Soudan : comment Omar Al-Bachir a été destitué par l’armée
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