Ouragan, inondation, incendies… En raison de leurs effets considérables sur les sociétés et l’environnement, les plans de prévention et de réponses face aux catastrophes liées au changement climatique sont aujourd’hui indispensables. En effet, ces événements détruisent souvent les structures de santé et paralysent les ser­vices médicaux en raison des dommages matériels affectant bâtiments et équipements, de la perte directe de personnel mé­dical et du manque de connaissance des procédures et des ­ressources pour continuer à fonctionner dans des circonstances de crise, quand la demande de soins est plus grande et plus urgente que jamais.

Vue aérienne montrant d’importants dommages sur des maisons et des entreprises à Saint-Martin, le 15 septembre 2017, après le passage de l’ouragan Irma sur cette île des Caraïbes. / RICARDO ARDUENGO / AFP

Pour pallier ces risques, les organismes de secours, tels que la Croix-Rouge, préparent les habitants des zones à risque afin de les rendre moins vulnérables et d’améliorer leur capacité à faire face aux effets des catastrophes. « Les plans de prévention prennent différentes formes : nous avons des phases de préparation avec les acteurs de santé publique. Nous formons des équipes pour répondre de manière efficace aux différents scénarios », explique Thierry Fauveaux, directeur territorial Antilles de la Croix-Rouge française.

« Nous avons également des plans de prévention auprès des populations : nous mettons par exemple en place des dispositifs mobiles de prévention des risques. Ce sont en général des panneaux ludiques qui expliquent les conduites à tenir en cas de catastrophe. »

« Une notion difficile à vendre »

Pour Fernando Briones, chercheur associé au Consortium for Capacity Building de l’université du Colorado, ces plans de prépa­ration sont primordiaux :

« Le meilleur moyen de réduire les risques est la prévention. L’un des principaux problèmes est que, en règle générale, nous ne sommes pas attentifs jusqu’à ce qu’une catastrophe se produise. La prévention est une notion difficile à vendre auprès des responsables des politiques publiques, car le retour sur investissement se fait à long terme. Pourtant, lorsque les ini­tiatives de prévention sont correctement mises en œuvre, les coûts associés à la réparation des dégâts de tous ordres sont moindres. »

Mais, face aux catastrophes, les plans d’urgence restent les plus répandus. La région des Antilles touchée par l’ouragan Irma, en septembre 2017, continue au­jourd’hui de se reconstruire grâce, entre autres, aux actions de la Croix-Rouge : l’opération « Castor », sur l’île de Saint-Martin, par exemple, a permis à cinq cents familles d’être accompagnées pour reconstruire leur maison.

« Nous avons mis à leur disposition des artisans locaux, ainsi nous avons fait d’une pierre deux coups : nous les avons aidés à bâtir de nou­velles habitations tout en relançant l’économie locale », explique Thierry Fauveaux. Sur le même modèle, le plan Ecureuil a permis à 1 400 familles de l’île d’obtenir une aide financière pour les biens de première nécessité.

Des bus santé mobiles

Les acteurs de santé ont également dû faire face à un autre défi : le maintien des suivis médicaux après la catastrophe. « Après des événements aussi dévastateurs, les populations ne se préoccupent plus de leur propre santé, de leurs pathologies chroniques, comme le diabète, indique M. Fauveaux. Nous avons mis en place des bus santé mobiles avec, à leur bord, du personnel médical. »

L’objectif de ce dispositif : vérifier que les populations sont toujours en lien avec les médecins de ville et s’assurer de leur suivi médical. « Quand on perd son toit, on perd souvent ses papiers, poursuit le directeur territorial. Aider les patients à reconstituer leurs droits pour obtenir des médicaments fait également partie de notre mission. »

Ainsi, face au réchauffement, les plans de prévention et d’action se multiplient. Il n’en demeure pas moins que, pour réduire réellement la vulnérabilité des popu­lations face aux événements climatiques extrêmes, la seule solution est de diminuer de manière drastique les émissions de gaz à effet de serre, estime M. Briones. « Nous devons intégrer l’idée selon laquelle le changement climatique implique de modifier notre cultu­re, nos valeurs et la façon dont nous percevons notre planète et notre nature, alerte le chercheur. Nous ne pouvons plus prendre de décisions sans en tenir compte. »

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la Croix-Rouge.