Bruno Genesio lors du match face à Nantes, le 12 avril. / STEPHANE MAHE / REUTERS

C’était dans l’air du temps, c’est désormais officiel. L’entraîneur de l’Olympique lyonnais Bruno Genesio a annoncé, samedi 13 avril, qu’il quitterait son poste en fin de saison, lors d’une conférence de presse au lendemain d’une défaite face à Nantes, la troisième d’affilée pour le club rhodanien. Longtemps soutenu par son président, Jean-Michel Aulas, mais désavoué par une majorité de supporteurs lyonnais, l’entraîneur de l’OL n’a pas résisté à l’élimination de son équipe en demi-finale de la Coupe de France face à Rennes.

« Depuis quelque temps je fais face, nous faisons face, à un climat négatif, qui peut être un frein pour les joueurs et pour le club, a déclaré Bruno Genesio. Je pense que même si on était allé en finale de la Coupe de France, qu’on l’avait gagné et qu’on finissait 2e [du championnat], le climat autour de moi n’aurait pas changé. C’est un mal pour un bien pour le club. » Dans un communiqué, l’OL a remercié son entraîneur, « qui a montré une nouvelle fois être guidé par le seul intérêt de l’institution et qui espère permettre ainsi à ceux qui contestaient la prolongation de son contrat d’être aussi derrière le club vendredi soir. »

La question du sort de Bruno Genesio avait pris le pas sur tout le reste, ou presque, dans un club qui brigue un premier trophée depuis 2012 et une place sur le podium de Ligue 1. Elle mobilisait l’attention depuis des semaines. Et cristallisait passions et tensions.

Bruno Genesio, pur Gone, a fait la quasi-totalité de sa carrière de joueur à l’OL et est passé par tous les postes au sein du staff avant d’être propulsé à la tête de l’équipe première en décembre 2015. Sans expérience de coach au haut niveau, son arrivée avait très vite suscité la méfiance, mise en sourdine par six premiers mois excellents, avant que sa légitimité ne soit de plus en plus contestée.

Equipe irrégulière

Depuis plusieurs semaines, le climat était devenu irrespirable autour du club. Les belles performances contre les mastodontes que sont Manchester City (une victoire et un nul) ou le Paris-Saint-Germain (seule défaite parisienne cette saison en Ligue 1), ainsi que la qualification en huitièmes de finale de la Ligue des champions (élimination par le FC Barcelone) n’ont pas suffi à masquer le mécontentement des tribunes, lassées par l’irrégularité de l’équipe en championnat.

La contestation, qui s’était formée au début sur les réseaux sociaux, lors d’une saison achevée à la quatrième place de Ligue 1 en 2017, a contaminé une partie non négligeable du stade. Le principal groupe de supporteurs du virage nord, les Bad Gones, avait déjà pris position sur sa page Facebook : « Nous estimons, comme nous l’avons déjà affirmé la saison passée, que seul le départ de Bruno Genesio pourra permettre un climat plus serein autour du club. »

Lors du dernier match de la saison dernière, le 18 mai 2018 contre Nice, l’association avait pris ses distances avec l’enfant du club par une banderole douce-amère : « Bruno, ton amour pour l’OL t’honore mais il est temps de tourner la page. » Malgré l’élimination en huitième de finale de Ligue Europa face au CSKA Moscou, une excellente fin de saison avait permis à Lyon d’arracher la troisième place, qualificative pour la Ligue des champions, et certainement à l’entraîneur de sauver sa tête.

« On veut être fier de notre football »

Soutenu par ses pairs, Bruno Genesio avait toujours affirmé son envie de poursuivre à l’OL pour une quatrième saison complète, ce qui en aurait fait l’entraîneur au règne le plus long depuis plus de quarante ans, seulement devancé par Aimé Mignot en poste de 1968 à 1976. L’entraîneur a longtemps fait front, pas déstabilisé par la désaffection des Bad Gones, longtemps réputés proches de lui : « Chacun a le droit d’avoir son avis. Les supporteurs sont une entité importante du club. Ils doivent faire confiance au président. (…) Combien sont-ils ? Que représentent-ils ? Je ne sais pas. »

La riposte de la direction du club avait consisté à réduire l’opposition à Bruno Genesio à un groupe d’agitateurs sur les réseaux sociaux. Leurs ambitions étaient décrites comme irréalistes au regard du budget du club. « On ne devrait pas être à la lutte avec une équipe comme Lille, qui était en décrépitude la saison dernière, avait répondu au Monde Charly Moriceau, très actif sur Twitter et fondateur de Gones Away, groupe de supporteurs lyonnais à Paris. On ne réclame pas d’être champion face au PSG mais on veut être fier de notre football, être simplement de bons deuxièmes. »

Après une nouvelle défaite (2-1) face à Nantes hier, Jean-Michel Aulas avait déclaré qu’« en fin de saison, on se posera les bonnes questions qui permettront de se relancer ». Cela passera donc par le choix d’un nouvel entraîneur. Les noms de l’Argentin Marcelo Gallardo et du Français Laurent Blanc sont régulièrement cités pour succéder à Bruno Genesio à la tête de l’équipe lyonnaise.