Des membres du « noyau dur » d’Anderlecht, encagoulés et autorisés à entrer dans les tribunes alors qu’ils transportaient des fumigènes ont plongé le stade dans un épais brouillard avant de jeter des sièges et de provoquer des bagarres. / VIRGINIE LEFOUR / AFP

Des incidents violents ont éclaté, vendredi 12 avril au soir, au stade Sclessin, près de Liège où étaient rassemblés 27 000 spectateurs. Un « classico » habituellement tendu entre le Standard de Liège et Anderlecht, les deux ex- « grands » du foot belge, a viré à l’émeute au bout d’une demi-heure, alors que le club local menait déjà par deux buts à zéro. La rencontre a été définitivement interrompue par l’arbitre.

Des membres du « noyau dur » d’Anderlecht, des fans encagoulés et étrangement autorisés à entrer dans les tribunes alors qu’ils transportaient des fumigènes ont plongé le stade dans un épais brouillard avant de jeter des sièges et de provoquer des bagarres.

Celles-ci ont duré toute la soirée, forçant les dirigeants de l’équipe bruxelloise à exfiltrer leurs joueurs vers un hôtel, dont la localisation a été tenue secrète. D’autres supporteurs en colère attendaient le retour de l’équipe à Neerpede, au centre d’entraînement du club, où les joueurs devaient récupérer leur voiture.

La commission des litiges de l’Union belge devrait infliger des sanctions à Anderlecht et prononcer sa défaite par 5-0. Le Standard sera sans doute également sanctionné, pour défaut de vigilance et parce que ses supporteurs ont, eux aussi, lancé des fumigènes et des pétards avant le début du match.

Anderlecht, mal en point depuis le début de la saison

La rencontre, habituellement décisive, pour la course à la première place du championnat belge se déroulait dans un climat très particulier. La phase finale de la compétition (« play-off ») réunit actuellement les six meilleures équipes dans un mini-tournoi.

Anderlecht, mal en point depuis le début de la saison et son rachat par un multimillionnaire flamand, l’industriel Marc Coucke, a perdu ses trois derniers matchs face à des rivaux directs. Le titre se jouera entre Bruges et Genk.

Lors d’une défaite à Anvers, la semaine dernière, des groupes de supporteurs avaient déjà manifesté leur mécontentement, tentant de pénétrer dans le stade de leur équipe et réclamant la démission de M. Coucke.

La situation est inédite pour un club qui a longtemps dominé la compétition belge, n’a pas manqué une participation à une compétition européenne depuis 50 ans et a remporté trois coupes européennes - 1976, 1978 et 1983 - et deux super-coupes -1976, 1978.

Le championnat national sourit beaucoup moins à l’équipe aux 34 titres nationaux. Elle a perdu le titre en 2018 et le perdra encore cette année. Elle aura aussi toutes les peines à décrocher un accessit à une coupe européenne avec, actuellement, une cinquième place (sur six) au classement des « play-off ».

Au-delà, c’est la médiocrité du jeu de l’équipe qui met ses supporteurs en colère depuis des mois. Privée, chaque année, de ses meilleurs joueurs, tentés par des clubs étrangers, Anderlecht n’est plus qu’une équipe médiocre dans un championnat de faible niveau. Pour preuve, l’incapacité des clubs belges a dépassé, en général, les phases de poule de la Champion’s League.

Cette situation contraste avec les performances des Diables Rouges, qui occupent toujours la première place du classement FIFA des équipes nationales - 1 737 points, pour 1 734 à la France. Comme Eden Hazard, Kevin De Bruyne ou Thibaut Courtois, la quasi-totalité des joueurs de l’équipe belge évolue, il est vrai, dans les championnats anglais, espagnol, allemand… ou chinois.