Ballon monté le « Victor-Hugo » pour une lettre de Victor Hugo, 16 900 euros. / DR / AGUTTES

La vente aux enchères du 5 avril d’histoire postale de la guerre franco prussienne de 1870-1871, composée de « ballons montés », de « boules de Moulins », de « pigeongrammes », a globalement répondu aux attentes des spécialistes (« Philatélie : Victor Hugo, vedette de la vente Aristophil », Le Monde du 30 mars).

Contenu de la lettre de Victor Hugo transportée par le « Victor-Hugo »: « Paris est admirable on se défendra jusqu’aux dernières extrémités. Je suis heureux d’être au milieu de ce danger superbe. La France sera sauvée, n’en doutez pas et sauvée par elle seule ce sans aucun secours étranger ... » / DR/Aguttes

Près de 62,5 % des lots, dispersés par la maison Aguttes à l’hôtel des ventes Drouot-Richelieu à Paris, dans le cadre de la vingtième vente du fonds Aristophil, ont trouvé preneur. Un chiffre en rapport avec l’abondance de l’offre pour un marché qui n’est pas extensible à l’infini.

Au rang des satisfactions, la lettre autographe de Victor Hugo, datée du 17 octobre 1870, adressée à Eugène Rascol au Courrier de l’Europe, hebdomadaire publié en français à Londres, transportée par le ballon monté Victor-Hugo, avec un cachet d’arrivée du 24 octobre, estimée 15 000 à 18 000 euros, a atteint 16 900 euros (avec les frais).

Un autre pli transporté par ballon monté, pour Calcutta, avec la mention manuscrite « via Bombay par ballon monté » (sans doute Le Céleste), sans correspondance, parti le 29 septembre 1870 et arrivé à Calcutta le 3 novembre, un cachet postal faisant foi, estimée 8 000/10 000 euros, a été adjugée à 33 800 euros

Les généraux Flô et Chanzy

La boule de Moulins exceptionnelle, lettre manuscrite adressée au ministre de la guerre à Paris, le général Le Flô (1804-1887), par sa nièce, à Brest, avec un cachet à date du 31 décembre 1870, repêchée en août 1871 et réexpédiée à Saint-Petersbourg, en Russie (cachet d’arrivée en mars 1872), le seul pli « connu par boule de Moulins réexpédié et arrivé en Russie » avec un affranchissement complet (pas décollé par l’humidité), estimé 5 000/8 000 euros, ne confirme pas les espoirs des experts, à 5 850 euros.

Au rang des déceptions, l’ensemble le plus cher constitué d’une quinzaine de lettres sorties de la capitale assiégée par valises diplomatiques de l’ambassade des Etats-Unis, estimé 250 000 à 320 000 euros, n’a pas trouvé preneur.

Ballon monté du 25 septembre adressée à Poti (Caucase), 11 050 euros.

Quelques prix ont pulvérisé les estimations. Un pli transporté par ballon monté du 25 septembre adressé à Poti (Caucase), avec cachets de passage à Marseille le 27 septembre, puis à Constantinople le 12 octobre et comportant cachet d’arrivée à Poti le 28 octobre, par le ballon Ville-de-Florence, estimé 1 000/1 500 euros, a atteint 11 050 euros… Pour une destination probablement unique.

Ballon monté avec une paire de timbres « tête-bêche » qui en fait toute sa valeur: 16 900 euros.

Un ballon monté (a priori le Général-Daumesnil) du 21 janvier 1871, pour Bar-sur-Aube (Aube), en zone occupée, avec un affranchissement comportant un « tête-bêche », double son estimation, pour atteindre 16 900 euros.

Télégramme rédigé et signé « Général Chanzy », à 910 euros.

Pour les amateurs de « petits » prix, un télégramme rédigé et signé « Général Chanzy », affranchi d’une paire 2 francs violet et un exemplaire du 1 franc orange des timbres-télégraphe dentelés, oblitérés du cachet à date télégraphique ondulé bleu « TLEMCEN 29 août 1870 », adressé à Madame Chanzy à Angers pour prendre de ses nouvelles, peu de temps avant son engagement dans la guerre de 1870 à la tête de l’armée de la Loire, estimé 250/350 euros fait 910 euros.

Enfin, du côté des boules de Moulins, une lettre datée de Saint-Quay-Portrieux du 2 janvier 1871 (sans cachet d’arrivée), estimée 1 000/1 500 euros, est partie à 4 160 euros.

Rarissime boule de Moulins avec cachet à date de départ de Vernoux-d’Ardèche du 8 janvier 1871, avec, au verso, une griffe témoignant de son repêchage à Saint-Wandrille le 6 août 1968: 23 400 euros.

En fin de vente, une boule de Moulins avec cachet à date de Vernoux-d’Ardèche du 8 janvier 1871, avec, au verso, une griffe témoignant de son repêchage près de 99 ans plus tard, à Saint-Wandrille, le 6 août 1968, et mention manuscrite « remise aux ayants droit le 8 octobre 1970 », affranchissement complet, estimée 8 000/12 000 euros, a finalement été adjugée à 23 400 euros.