Volkswagen a indiqué en 2016 que Martin Winterkorn avait été mis au courant par un « mémo » daté de mai 2014 d’irrégularités sur les niveaux d’émissions aux Etats-Unis. / GEOFF ROBINS / AFP

L’ancien patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, et quatre responsables du constructeur automobile ont été inculpés dans le cadre du scandale des moteurs diesel truqués, a annoncé lundi 15 avril le parquet allemand.

Le parquet de Brunswick a inculpé M. Winterkorn notamment de « fraude » et de « violation de la loi contre la concurrence déloyale », accusant dans un communiqué l’ancien PDG « de n’avoir pas divulgué aux autorités et clients en Europe et aux Etats-Unis des manipulations illégales de moteurs diesel après en avoir eu connaissance ».

Ce dernier n’avait pas réagi dans l’immédiat, alors que la perspective d’un procès se rapproche. Son ancien employeur a, de son côté, estimé qu’il s’agissait du résultat « d’investigations contre des individus, sur lesquelles Volkswagen ne souhaite pas se prononcer ».

11 millions de voitures équipées du logiciel truqueur

On reproche aussi à M. Winterkorn, aux commandes du groupe automobile lors de l’éclatement du dieselgate en septembre 2015, et qui avait dû démissionner en raison du scandale, de « ne pas avoir empêché la vente de voitures équipées de logiciels » capables de truquer les tests de niveau de pollution.

Le groupe est également accusé d’avoir réalisé « avec l’accord de M. Winterkorn » en novembre 2014 une mise à jour « inutile » d’un logiciel, afin de « continuer à dissimuler » la fraude.

Le géant aux douze marques a admis en 2015 avoir équipé 11 millions de voitures de logiciels capables de truquer le niveau d’émissions de particules fines, les laissant apparaître comme moins polluantes qu’elles ne l’étaient en réalité.

29 milliards d’euros

Volkswagen a indiqué en 2016 que son ex-patron avait été mis au courant par un « mémo », daté de mai 2014, d’irrégularités concernant les niveaux d’émissions aux Etats-Unis. Par ailleurs, Martin Winterkorn, ingénieur de métier resté aux commandes de Volkswagen de 2007 à 2015, se vantait de connaître « chaque boulon » de ses modèles.

Aux Etats-Unis, où Volkswagen a plaidé coupable pour fraude et obstruction à la justice, huit anciens et actuels dirigeants de la marque, dont M. Winterkorn, ont été inculpés, notamment pour « fraude » et « conspiration ».

Volkswagen assure à l’inverse qu’une poignée d’ingénieurs ont organisé la tricherie, à l’insu de leurs supérieurs, et que les informations connues des dirigeants ne les obligeaient pas à s’adresser aux marchés.

Le « dieselgate » a jusqu’à présent coûté près de 29 milliards d’euros en rappels de véhicules et procédures judiciaires au géant de l’automobile. La majorité de cette somme a été versée aux Etats-Unis. En Allemagne, deux amendes, pour un total de 1,8 milliard d’euros, ont été comptabilisées l’an dernier, et un procès géant d’actionnaires est en cours, tandis qu’un autre se profile à la suite d’une requête groupée rassemblant déjà plus de 410 000 clients.

« Dieselgate » : 350 000 voitures attendent d’être mises aux normes dans des parkings gigantesques
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