Le président tunisien Béji Caïd Essebsi, lors du congrès du parti Nidaa Tounès, à Monastir, le 6 avril 2019. / FETHI BELAID / AFP

Le sursaut espéré par certains n’aura pas eu lieu. Nidaa Tounès, le parti fondé en 2012 par le président Essebsi pour contrer les islamistes, n’aura pas réussi à résorber ses divisions internes. Samedi 13 avril, après des semaines de pourparlers et de querelles, la formation, qui tenait son congrès électif, s’est de nouveau scindée en deux.

Sofiène Toubel, député et président du bloc parlementaire de Nidaa Tounès, a été désigné à la tête du comité central par une partie des congressistes réunis à Hammamet, tandis que le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi, était élu à la tête de l’instance lors d’une autre réunion qui s’est tenue à Monastir. Le parti ressort donc de son congrès encore plus affaibli, et désormais dirigé par deux têtes.

« Hafedh Caïd Essebsi est toujours mon ami. Il n’y a pas de problème, c’est ça la démocratie », a déclaré Sofiène Toubel sur les ondes d’une radio nationale. Quelques jours avant, le député, accusé dans plusieurs affaires de corruption par la justice tunisienne, avait rendu publique une conversation téléphonique embarrassante pour son rival. On y entendait une congressiste parler des pressions qu’elle subissait par le clan de Hafedh Caïd Essebsi. Impossible toutefois de vérifier si la conversation n’était pas une mise en scène.

Un avenir très incertain

Il y a trois ans, le même scénario s’était pratiquement produit. Le fils du président avait rassemblé des membres autour de lui et avait pris la direction exécutive du parti, tandis qu’une grande partie des militants de Nidaa Tounès avait démissionné, dénonçant une dérive népotique du parti. Cette année, certains avaient encore l’espoir de faire table rase du passé et de balayer les atermoiements, mais aucun consensus ne s’est dégagé.

Dimanche 14 avril, face à la débâcle de la division, Ayoub Zaramdini, l’un des congressistes, tentait de relativiser : « C’est vrai que cette nouvelle configuration touche à notre crédibilité. Mais, au moins, nous sommes transparents sur tous nos problèmes, pas comme d’autres partis. Maintenant, il faut trouver un terrain d’entente. Ce sera le président de la République qui tranchera ou alors la justice. »

Mais le président parviendra-t-il à trancher entre son fils et un nouvel élu ? « Il a toujours défendu son fils bien qu’il dise officiellement le contraire », estime Zohra Driss, ancienne membre de Nidaa Tounès, qui a démissionné il y a plusieurs mois. En outre, l’intervention du chef de l’Etat à l’ouverture du congrès – il avait appelé à l’unité – n’a pas été entendue.

Avec désormais deux présidents à sa tête, l’avenir de Nidaa Tounès semble très incertain. Le parti apparaît déjà très affaibli dans les sondages face à ses rivaux d’Ennahda et de Tahya Tounès. A l’Assemblée, le nombre de ses députés a été divisé par deux depuis sa victoire aux élections législatives de 2014. « Je ne sais même plus combien nous sommes dans le bloc parlementaire, vous me posez une colle », confiait une députée au congrès. Une confusion qui semble être désormais la principale ligne politique du parti.