C’était un grand projet de la Société protectrice des animaux (SPA). Une belle initiative en faveur des chats, doublée en principe d’une bonne affaire. Raté. Le refuge « entièrement consacré au bien-être des chats » que l’association pensait inaugurer cette année à Evecquemont (Yvelines) ne verra a priori jamais le jour. Un site a bien été acheté en 2017. Mais il est inutilisable, si bien que la SPA envisage de le revendre. Un nouvel exemple de la gestion parfois approximative de l’une des associations préférées des Français.

Tout débute au printemps 2017. A l’époque, la SPA a un problème dans les Yvelines. Son refuge d’Orgeval devient vétuste, et les voisins sont gênés par les aboiements. Il faut trouver un autre point de chute. Les responsables parisiens dénichent à 12 kilomètres d’Orgeval une jolie ferme du XVIIIe siècle, comprenant une longère, un pigeonnier, un garage et d’anciennes serres. Natacha Harry, alors présidente de la SPA, se voit déjà y accueillir 300 à 400 chats.

Zone inconstructible

« Ce nouveau refuge très proche de Paris permettra aux Franciliens de venir adopter des chats », imaginent les dirigeants. Dans leur esprit, il constituera la « base arrière » de la Maison des chats, dont l’ouverture est prévue simultanément rue Beaubourg, à Paris. Les propriétaires d’Evecquemont en demandent 350 000 euros, un prix jugé « très raisonnable ». Bien sûr, les bâtiments nécessitent une grosse réhabilitation. « Mais avec l’achat nous serons en dessous du budget de 1,5 million », promet le directeur immobilier, qui presse Natacha Harry de signer sans tarder : « Le bien est assez convoité. »

Deux ans plus tard, rien ne va plus. Les travaux prévus pour février 2018 n’ont toujours pas débuté. « Le dossier se révèle plus compliqué que prévu, nous l’avons mis en attente », résume Jacques-Charles Fombonne, nouveau président de la SPA. La ferme se trouve en effet au-dessus d’anciennes carrières souterraines de gypse qui risquent de s’effondrer. Toute cette « zone rouge » est inconstructible. Interdit d’y recevoir du public, même après d’éventuels énormes travaux de consolidation. Aucun refuge ne peut donc y être installé.

« Comment la SPA a-t-elle pu payer sans vérifier qu’elle pourrait mener son projet ? C’est atterrant ! », s’étouffe Alain Lambert, un adhérent très critique. « Dommage qu’ils ne soient pas venus me voir avant de signer… », commente Ghislaine Senée, maire d’Evecquemont.

Quant à la Maison des chats de Paris, ce projet est lui aussi bloqué. Un local a certes été légué à la SPA. Mais il reste vide depuis plus de deux ans, à la suite d’un autre imbroglio juridique. Là non plus, les travaux n’ont pas commencé. « Dire que la SPA a versé 135 000 euros à la locataire pour la faire partir dès 2016 !, regrette un bon connaisseur du dossier. C’est autant d’argent gaspillé. » Comme dit le proverbe, le chat est bon ami, hormis qu’il égratigne.