« Un mentor et un virtuose de la dissimulation » : l’accusation a requis mardi 16 avril en appel la réclusion criminelle à perpétuité contre Abdelkader Merah, estimant qu’il était « complice » des sept assassinats perpétrés par son frère Mohamed en mars 2012 à Toulouse et Montauban. « Le nom de Merah doit être associé à une sanction ferme car ce nom est brandi encore aujourd’hui comme une fierté par des candidats au djihad », a lancé l’avocat général Frédéric Bernardo.

En première instance, le frère du djihadiste toulousain avait été condamné à vingt ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste, mais acquitté du chef de « complicité », la cour ayant estimé qu’aucun élément ne montrait qu’il « connaissait les objectifs visés et les crimes commis par son frère ».

Lors d’un réquisitoire à deux voix, les magistrats Rémi Crosson du Cormier et Frédéric Bernardo ont dessiné le « parcours identique » de deux frères, « deux jeunes de la cité qui ont évolué dans une famille disloquée, ont le goût de la violence... et se radicalisent en prison ». L’un, Mohamed, « impulsif, agressif, prêt à l’action » ; l’autre, Abdelkader, « plus raisonné », qui « se voit en intellectuel » et sera « le mentor » qui armera le bras du tueur, selon l’accusation. Les magistrats ont demandé à la cour d’assortir la condamnation d’Abdelkader d’une peine de sûreté de vingt-deux ans.

« Quinze et vingt ans de réclusion criminelle » à l’encontre du second accusé

Ils ont par ailleurs réclamé « entre quinze et vingt ans de réclusion criminelle » à l’encontre du deuxième accusé, Fettah Malki, un « délinquant multicarte » de 36 ans, condamné en premier ressort à quatorze ans de prison pour avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles et un pistolet-mitrailleur, en ayant connaissance de sa radicalisation. Les avocats généraux ont, en outre, demandé l’inscription des deux condamnations au Fijait (Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions terroristes).

Abdelkader Merah, 36 ans, est accusé d’avoir « sciemment » facilité « la préparation » des crimes de son frère en l’aidant à dérober un scooter et à acheter un blouson qui ont été utilisés lors des faits. Il est également accusé d’avoir participé « à un groupement criminel affilié à Al-Qaida prônant un islamisme djihadiste (...) en appliquant à lui-même et à son frère Mohamed les recommandations de cette organisation dont il possédait les enseignements et les conseils opérationnels ». Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah a assassiné trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs à Toulouse et Montauban, avant d’être abattu le 22 mars dans son appartement par le RAID à l’issue d’un siège de 32 heures suivi par les médias du monde entier.