Une Indonésienne montre ses bulletins de vote, à Jakarta, le 17 avril 2019. / ADEK BERRY / AFP

Le président sortant, Joko Widodo, est donné gagnant de l’élection présidentielle en Indonésie, selon les premières estimations de trois instituts de sondages publiées une heure après la fermeture des bureaux de vote, mercredi 17 avril.

Les trois instituts de sondage – Saiful Mujani Research Centre, Indo Barometer et Indikator Politik Indonesia – accordent au moins 55 % des voix à Joko Widodo, vu comme un musulman modéré dans un pays où l’islam conservateur progresse, contre 44 % environ à son adversaire, l’ex-général Prabowo Subianto, qui veut diriger le pays avec plus de fermeté.

Joko Widodo, surnommé « Jokowi » par ses soutiens, a fait campagne en mettant en avant son bilan en matière de construction d’infrastructures, notamment la première ligne de métro de Jakarta, ouverte opportunément en mars. Mais pour les ONG, son action quant aux droits de l’homme n’a pas été à la hauteur des attentes suscitées par celui qui était décrit comme l’« Obama indonésien » au moment de son arrivée au pouvoir, à cause de ses origines modestes et d’une certaine ressemblance physique.

Le président Widodo a choisi le prédicateur islamiste conservateur Ma’ruf Amin pour être son candidat à la vice-présidence. Une stratégie destinée à donner des gages à l’électorat musulman conservateur, mais qui inquiète les plus progressistes.

Multiplication des infox

L’ancien général Prabowo Subianto s’est, de son côté, rapproché des groupes islamiques les plus radicaux et a promu une hausse des dépenses de défense et de sécurité. Sur le plan économique, il vante une politique protectionniste « Indonesia first », inspirée de celle de Donald Trump, et a promis de remettre en cause des milliards de dollars d’investissements chinois dans le pays. Le candidat, qui se présente comme un homme à poigne, est desservi par ses liens avec le régime du dictateur Suharto, dont il a été le beau-fils, et par son passé militaire controversé. Il a ordonné l’enlèvement d’activistes prodémocratie lors de la chute du régime de Suharto, en 1998, et a été accusé de graves abus pendant le conflit survenu au Timor oriental.

Si ce résultat était confirmé, l’opposition pourrait le contester, en invoquant de possibles fraudes, avait annoncé Subianto avant même le scrutin. En 2014, Jokowi avait remporté l’élection de justesse devant le même adversaire, qui avait contesté les résultats en justice avant de s’incliner.

La campagne a été marquée par des attaques virulentes de la part des deux camps, qui ont multiplié les efforts pour séduire l’électorat musulman conservateur, tandis que la multiplication des infox sur les réseaux sociaux pourrait aussi avoir eu un impact sur les électeurs.