Benyamin Nétanyahou a été chargé, pour la cinquième fois, mercredi 17 avril, de former le prochain gouvernement israélien, qui ferait ses débuts sous le signe des ennuis judiciaires du premier ministre et de l’initiative attendue de la part des Etats-Unis pour régler le conflit avec les Palestiniens.

Une semaine après les élections législatives anticipées, M. Rivlin a remis à M. Nétanyahou une lettre de sa nomination pour mettre en place une coalition gouvernementale, lors d’une cérémonie retransmise à la télévision. « Soixante-cinq députés (sur cent vingt) vous ont recommandé », a ajouté le président israélien en s’adressant au premier ministre, après ses consultations avec les chefs de partis élus au nouveau Parlement.

« C’est la cinquième fois que je suis chargé de former le gouvernement d’Israël. Il n’y a pas de privilège plus important dans la vie démocratique », a dit M. Nétanyahou. Ce dernier aura vingt-huit jours pour s’entendre avec ses partenaires autour d’un accord de gouvernement. Le délai peut être prolongé de quatorze jours.

S’il parvient à ses fins, M. Nétanyahou, 69 ans, figure dominante au point d’en paraître imbattable, entamerait un cinquième mandat. Au pouvoir sans discontinuer depuis 2009 et depuis treize ans au total en comptant un précédent mandat entre 1996 et 1999, il ravirait en juillet le record de longévité à David Ben Gourion, père fondateur de l’Etat d’Israël. A la tête entre 2015 et 2019 du gouvernement réputé le plus à droite de l’histoire israélienne, M. Nétanyahou dirigerait une coalition au moins aussi à droite, composée de formations plus ou moins radicales et plus ou moins religieuses, et de partis ultraorthodoxes représentant les 10 % d’Israéliens observant rigoureusement les règles du judaïsme.

« Je serai le premier ministre de tous »

« Je serai le premier ministre de tous », a-t-il promis mardi, employant un ton fédérateur lors d’un toast avec des supporteurs après une campagne où son parti, le Likoud, aura multiplié les attaques personnelles contre son principal concurrent, le général Benny Gantz, et joué sur les préventions anti-arabes. Ce maître tacticien aura la tâche délicate de concilier les exigences et les intérêts contradictoires de ses futurs alliés, à commencer par le parti nationaliste et laïc Israël Beitenou et les partis ultraorthodoxes.

L’une des questions posées est de savoir dans quelle mesure les démêlés judiciaires de M. Nétanyahou interféreront dans les marchandages. Le procureur général a annoncé en février son intention d’inculper M Nétanyahou pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes. M. Nétanyahou clame son innocence.

Les premiers pas du gouvernement pourraient également coïncider avec la présentation du plan diplomatique qui se fait attendre depuis des mois de la part de l’administration américaine de Donald Trump, grande alliée de M. Nétanyahou. L’administration Trump s’est signalée par les ruptures diplomatiques au profit d’Israël, les mesures défavorables aux Palestiniens, le refus de s’engager pour la création d’un Etat palestinien, le silence sur la colonisation et, dernièrement, sur la possibilité de l’annexion de colonies. M. Nétanyahou devrait se positionner vis-à-vis à la fois de l’initiative américaine et de sa majorité.