Le gouvernement britannique a annoncé mercredi 17 avril la mise en place obligatoire par les sites pornographiques d’un système de contrôle de l’âge de leurs usagers à partir du 15 juillet. « Les contenus pour adultes en ligne sont accessibles beaucoup trop facilement actuellement », a dit dans un communiqué la secrétaire d’Etat en charge du numérique, Margot James.

« L’introduction d’une vérification obligatoire de l’âge est une première mondiale, pour laquelle nous avons pris le temps de concilier les préoccupations relatives à la vie privée avec la nécessité de protéger les enfants des contenus inappropriés », a-t-elle ajouté.

La mise en place d’une mesure similaire aux Etats-Unis dans les années 1990 avait pourtant été jugée contraire à la Constitution et à la liberté d’expression ; d’autres pays, comme les Emirats arabes unis ou la Chine, bloquent totalement les sites pornographiques.

Projet a minima

De nombreux pays ont envisagé, à un moment ou un autre, d’instaurer des mesures de contrôle similaires. En France, des pistes d’études ont été lancées sous les quinquennats de François Hollande et d’Emmanuel Macron. Mais aucun de ces projets n’a jamais abouti, en raison de problèmes techniques et légaux majeurs, portant notamment sur la manière d’imposer des restrictions à des sites hébergés à l’étranger et sur la protection de la vie privée. Ces projets butaient également sur le fait que des contenus pornographiques peuvent également être diffusés sur des plates-formes généralistes ouvertes aux mineurs.

Après plusieurs reports, le gouvernement britannique a donc finalement proposé un projet a minima, qui ne concernera que les « sites Internet à caractère commercial proposant des contenus pornographiques ». Ces derniers devront procéder « à des contrôles rigoureux de l’âge des utilisateurs, afin de s’assurer qu’ils ont au moins 18 ans », a indiqué le ministère en charge du numérique, pour lequel « il ne s’agira pas seulement d’entrer une date de naissance ou de cocher une case ».

La méthode précise de contrôle est laissée au choix des sites : vérification basée sur des documents d’identité ou via un téléphone mobile, ou bien achat d’une carte d’accès dans un magasin physique où « la vérification sera faite en face-à-face ». Les sites ne respectant pas ces obligations pourront être bloqués.

Contrôles en ligne ou dans des magasins

L’efficacité de ces mesures, dont le principe est très largement soutenu par l’opinion publique, est soumise à caution, en raison d’un flou important dans la manière dont les nouvelles règles seront appliquées par le British Board of Film Classification, l’équivalent britannique du CSA français.

Des moyens de contournement des blocages, relativement simples à utiliser, existent également. Et le projet pourrait être contesté devant les tribunaux en raison de son impact potentiel sur la vie privée. « Il est clair que les systèmes de vérification doivent seulement concerner l’âge et non l’identité » des usagers, a souligné le ministère britannique. Le sujet est particulièrement sensible au Royaume-Uni, où les cartes d’identité nationales sont largement considérées comme une aberration. A la fin des années 2000, un projet visant à les introduire dans le pays avait fait l’objet de très vives critiques.