La scène de « crime » a en grande partie disparu et ce qu’il en reste est pour le moment inaccessible. Cette donne de départ illustre à elle seule les immenses difficultés auxquelles vont être confrontés les quelque quarante enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris (PJ) qui tentent depuis lundi 15 avril de comprendre comment le feu a pris à Notre-Dame de Paris

S’ils ne peuvent se rendre sur les lieux, la structure menaçant de s’effondrer, les policiers n’ont cependant pas chômé depuis que l’incendie s’est déclaré. Une trentaine de personnes – ouvriers, agents de sécurité, employés du monument – ont été entendues pour reconstituer les événements. Soit déjà la presque totalité des personnes qui avaient accès au lieu présumé du départ de l’incendie, interdit au public. Les membres de l’identité judiciaire, la police technique et scientifique de la PJ parisienne sont par ailleurs déjà à pied d’œuvre pour réunir le maximum d’images, plans et autres vidéos, pour tenter de retracer les dernières minutes avant le sinistre.

Les ingénieurs du laboratoire central de la préfecture de police, spécialisés dans ce genre d’enquête, auront pour leur part la responsabilité d’examiner les décombres, sitôt la structure stabilisée. En attendant, des drones vont survoler l’édifice pour réaliser des premières images qui permettront aux enquêteurs d’échafauder les premiers scénarios.

Chantier de rénovation du toit

A ce stade, toutes les hypothèses sont encore sur la table, assure toutefois une source proche du dossier pour qui les choses sont « encore floues » : la piste accidentelle (liée à de la sciure de bois, par exemple), l’acte involontaire (type négligence) et la piste criminelle. L’enquête se focalise néanmoins sur les deux premières hypothèses, à défaut d’éléments permettant, à ce stade, d’étayer la troisième.

Il s’agit d’abord de faire la lumière sur ce qui a déclenché l’incendie. L’attention se porte sur le chantier de rénovation du toit, qui avait débuté en juillet 2018. Selon nos informations, les enquêteurs vont surtout s’intéresser aux installations électriques, peu nombreuses sur ce type de chantier, et seules à même de produire un court-circuit ou une source de chaleur. Les ascenseurs du chantier sont notamment dans le viseur. Toutes les manipulations – type soudure – réalisées sur place seront aussi examinées.

Par ailleurs, l’enquête devra déterminer s’il y a eu un dysfonctionnement au niveau du système d’alarme incendie - pourtant régulièrement inspecté sur ce site sensible - ou à un défaut d’analyse de celui-ci, en raison éventuellement de sa complexité. Un dysfonctionnement qui aurait pu aboutir à un retard dans l’intervention des pompiers et donc avoir une incidence sur l’ampleur des dégâts.

Comme l’a confirmé le procureur de Paris, Rémy Heitz, lors d’une conférence de presse, mardi, le système d’alarme s’est en effet déclenché une première fois, vers 18 h 20. La « levée de doute » effectuée par les agents de sécurité de la cathédrale n’a alors pas permis de détecter de flammes. Ce n’est qu’une demi-heure après qu’une seconde sonnerie les a, à nouveau, alertés, et qu’ils ont découvert un brasier déjà bien fourni et impossible à contenir. La première alarme les aurait amené à effectuer des vérifications au mauvais endroit.

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