Cérémonie d’hommage aux victimes, à Furiani, le 5 mai 2018. / PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Mercredi 17 avril, la Ligue de football professionnel (LFP) a annoncé le calendrier des semaines à venir. Plusieurs matchs du championnat de France sont programmés pour le dimanche 5 mai. Or, cette date correspond à « la plus grande catastrophe du sport français », selon le collectif des victimes de Furiani. En 1992, l’effondrement d’une tribune de stade causait 18 morts et plus de 2 000 blessés en Corse, lors d’un match de Coupe de France entre Bastia et Marseille. Josepha Guidicelli, qui préside ce collectif, a perdu son père dans le drame. Elle continue, aujourd’hui encore, de réclamer l’annulation de tous les matchs à cette date. En hommage aux victimes.

Que vous inspirent ces matchs programmés le dimanche 5 mai ?

Aujourd’hui, nous gardons une revendication principale : qu’il n’y ait plus de match de football en France les 5 mai, quel que soit le jour de la semaine. Depuis quelque temps, avec Thierry Braillard [ex-secrétaire d’Etat aux sports, en 2015], nous avons déjà obtenu que la Ligue de football professionnel n’organise plus de match le 5 mai s’il s’agit d’un samedi. On a déjà réussi à « gratter » cette décision. Mais je la trouve absurde. Pourquoi geler un match s’il tombe un samedi, mais pas s’il tombe un dimanche ? Pourquoi ? Je ne sais pas, on se le demande.

La LFP a-t-elle cherché à justifier son choix actuel ?

On a déjà rencontré la Ligue. Le 16 avril [à la veille de la publication du calendrier], elle a avancé auprès de nous qu’il était très compliqué de geler une date dans le calendrier sportif. Mais bon, c’est une fausse excuse. Lorsqu’il y a des problèmes de conditions climatiques, il est facile de reporter des matchs de football. Pour les manifestations des « gilets jaunes », on voit aussi que la Ligue reporte également des matchs. Elle nous prend un peu pour des imbéciles.

Ce vendredi matin, sur RMC et BFM-TV, la ministre des sports, Roxana Maracineanu, a déclaré n’avoir « pas d’avis » sur une éventuelle annulation des matchs dimanche 5 mai.

J’ai d’abord été assez étonnée par son attitude. On aurait dit qu’elle ne comprenait pas de quoi M. Bourdin [le journaliste] lui parlait. Dans un second temps, j’ai été effarée par sa réponse. Elle est quand même ministre des sports. Elle se doit de connaître le dossier, elle se doit d’avoir une prise de position. Apparemment, elle n’a aucun avis sur 18 morts et plus de 2 000 blessés. J’ai trouvé ses propos assez honteux et irrespectueux.

Depuis sa nomination, en septembre 2018, avez-vous déjà rencontré Mme Maracineanu ?

Non. Ça va tellement vite, avec les remaniements ministériels… Nous comptions l’inviter à notre prochaine journée d’étude, le 4 mai. Mais c’est vrai qu’on se pose maintenant des questions : pourquoi l’inviter, vu qu’elle n’a pas d’avis sur le sujet ? Donc, finalement, je ne pense pas qu’il y aura d’invitation. Mais les commémorations du 5 mai, le lendemain, restent ouvertes à tous. Lorsqu’on se recueille devant la stèle ou qu’on va à la messe, qui veut venir vient.