Kiosque à journaux à Tunis, le 15 novembre 2015. / FETHI BELAID / AFP

La Tunisie continue de progresser en matière de liberté de la presse, a indiqué jeudi 18 avril l’ONG Reporters sans frontières (RSF), saluant les avancées dans ce pays, le mieux classé de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. « Les journalistes subissent des pressions énormes sur l’ensemble des pays du Maghreb », a déclaré à l’AFP Souhaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, lors de la présentation à Tunis du rapport annuel de l’ONG.

« En Algérie, au Maroc ou en Libye, les journalistes sont victimes de l’acharnement du pouvoir. L’exception reste la Tunisie qui continue son processus de transition démocratique et qui a fait une avancée remarquable de vingt-cinq places. Mais elle reste confrontée à d’innombrables défis, surtout par rapport au cadre législatif », a-t-il précisé.

Seul pays rescapé des « printemps arabes »

Tunis doit encore notamment mettre sur pied une instance de régulation de l’audiovisuel, attendue de longue date, souligne RSF. Seul pays rescapé des « printemps arabes » de 2011, la Tunisie se classe à la 72e place sur 180 pays, alors qu’elle était 97e en 2018. Elle se place devant tous les autres pays de la région, notamment le Liban (101e) et Israël (88e).

L’Algérie continue de s’enfoncer, à la 141e place. Il y a eu une ouverture au début du mouvement de contestation déclenché en février contre un nouveau mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné depuis, a relevé M. Khayati. Néanmoins, « ces derniers temps, il y a un retour aux intimidations », a-t-il précisé. « On a le sentiment que le régime a sifflé la fin de la récréation et que les journalistes doivent rentrer dans le rang », même si ces derniers « continuent à assurer une couverture professionnelle ».

La zone Moyen-Orient et Afrique du Nord est celle où il est « le plus difficile et le plus dangereux pour les journalistes d’exercer leur profession », a encore rappelé RSF. La Syrie et le Yémen, pays en guerre, restent parmi les plus hostiles à la presse, avec la Libye (162e), qui est, selon M. Khayati, « un trou noir de l’information » en raison de la difficulté d’y exercer le métier de journaliste.