Des employés transportent les oeuvres présentes dans Notre-Dame de Paris le 19 avril. / JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE »

Quinze tableaux de Notre-Dame en bon état de conservation ont été décrochés pour être emmenés au Louvre, afin d’y être sécurisés dès vendredi. Il fallait les déplacer avant que ne démarre le long chantier de restauration de la cathédrale parisienne ravagée par un incendie.

Quatre jours après le sinistre, le ministre de la culture, Franck Riester, confirme la bonne nouvelle sur le parvis de la cathédrale : ces tableaux de grande taille du XVIIe siècle « n’ont pas été abîmés » et « sont dans des conditions quasi normales ».

Le transport délicat de quinze toiles de maîtres

L’intérieur de la nef n’avait pas été directement atteint par l’incendie. Les tableaux ont donc « été préservés des flammes et peuvent être retirés, déposés et transportés dans des réserves sécurisées », précise le ministre. Les quinze toiles de prix, signées Laurent de La Hyre ou Charles Le Brun, ont été soigneusement emballées et placées dans des camions, afin d’être conduites au Louvre.

« La dépose est difficile. Les tableaux sont grands et lourds et les chapelles sont un petit peu encombrées », notamment par des confessionnaux modernes en verre, explique Isabelle Pallot-Frossard, directrice du Centre de recherche et de restauration des musées de France. « Le travail d’emballage est le plus long, puisqu’on les descend d’abord, on les observe, on fait le constat d’état, des photographies et, ensuite, on les emballe », dit-elle.

Pour Judith Kagan, chef du bureau de la conservation du patrimoine, « ce que nous faisons actuellement est une évacuation pour permettre au chantier de se dérouler sans être occupé avec les objets précieux au milieu ». « Il n’y a aucun tableau endommagé dans l’incendie », tient-elle à souligner.

L’intérieur de la cathédrale de Notre-Dame au lendemain de l’incendie. / AMAURY BLIN / AFP

Quatre œuvres encore dans la cathédrale

Seules quatre œuvres, intactes mais pas encore accessibles, car les lieux où elles se trouvent doivent être sécurisés, devaient rester dans la cathédrale : deux tableaux, un reliquaire contenant les restes de sainte Geneviève, patronne de Paris, et « une Vierge à l’enfant qui est toute droite et a gardé un petit cierge qui est resté allumé pendant plusieurs jours », précise Judith Kagan.

Pour expliquer le bon état de conservation, Mme Pallot-Frossard explique qu’« il n’y a pas eu du tout d’eau tombée dans les chapelles. Il n’y a pas eu de suie, car il n’y a pas eu de feu important dans la cathédrale. Quand des poutres enflammées sont tombées, les pompiers ont immédiatement jugulé le feu ».

Selon l’expert en œuvres d’art Eric Turquin, « le fait que les tableaux étaient dans des chapelles latérales les a sans doute préservés d’une chaleur excessive, qui aurait cristallisé la peinture et aurait eu un effet irrémédiable ».

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