Longtemps, Hassan Musa n’a pas peint, bien qu’il ait étudié cet art à Khartoum, au Soudan, son pays natal. Il travaillait autrement, avec des tissus de toutes sortes, des découpages et des montages complexes, et une machine à coudre qu’il avait appris à maîtriser. Depuis un peu plus d’un an, il a repris la peinture et retrouvé sa dextérité d’autrefois, mais sans renoncer ni à son autre technique de couture, ni à son goût pour les tissus imprimés les plus chatoyants et ornés.

Il n’a pas renoncé non plus ni à son ironie impitoyable, ni à son intérêt pour l’actualité. Réactivant les clichés de l’orientalisme, il fait se rencontrer une baigneuse d’Ingres et le journaliste et homme politique saoudien assassiné en octobre 2018 Jamal Khashoggi, glisse la même baigneuse sur un tapis de prière – sacrilège absolu –, joue sur des motifs exotiques involontairement comiques pour rideaux ou nappes et révèle qu’Oussama Ben Laden était gros consommateur de burgers de chez McDo.

Outre Ingres, Cézanne et le Douanier Rousseau l’approvisionnent en images. Provocations visuelles ? Pas seulement car il en va, dans son œuvre, de questions plutôt graves : le fantasme de l’identité culturelle, le commerce de l’exotisme, l’image du musulman en Occident, l’occidentalisation globale du monde. Tout ceci avec élégance, en tenant des propos graves avec une apparente légèreté.

« Steal lifes ». Galerie Maïa Muller, 19, rue Chapon, Paris 3e. Du mercredi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 1er juin.