Le juge de la Cour suprême indienne, Ranjan Gogoi, lors d’une conférence de presse à New Delhi le 12 janvier 2018. / Stringer / REUTERS

Le juge principal de la Cour suprême indienne, Ranjan Gogoi, faisait face, samedi 20 avril, à des accusations de harcèlement et d’agression sexuels. Une ancienne collaboratrice du magistrat, âgée de 35 ans, s’est adressée vendredi aux 22 juges de la Cour suprême en accusant le juge Gogoi, 64 ans, de lui avoir fait à deux reprises en octobre des avances sexuelles non consenties dans un bureau situé en dessous de sa résidence officielle.  « Il m’a serrée autour de la taille et a caressé tout mon corps, en se pressant contre moi, m’empêchant de m’enfuir », écrit-elle également dans une déclaration sur l’honneur consultée par l’Agence France-Presse (AFP).

L’accusatrice, l’assistante d’un juge et dont le nom n’a pas été dévoilé, ajoute qu’elle a été limogée de ses fonctions et sa famille soumise à des pressions après avoir repoussé les avances du magistrat. Elle précise aussi avoir été convoquée par l’épouse du juge Gogoi, qui lui a demandé de se prosterner devant elle et de frotter son nez contre son pied pour demander pardon. La victime présumée demande à la Cour suprême, l’une des institutions les plus respectées du pays, de mettre en place une « commission d’enquête spéciale » pour examiner sa déclaration sur l’honneur.

Des accusations « incroyables » selon le juge

De son côté, le juge Gogoi a vivement dénoncé samedi les accusations portées contre lui, les qualifiant d’« incroyables » et destinées à « déstabiliser le système judiciaire ». « Les choses sont allées trop loin. Le système judiciaire ne peut devenir un bouc émissaire. Il y a des forces qui essayent de déstabiliser le système judiciaire… Il y a des forces plus considérables derrière ces accusations », a-t-il estimé lors d’une audition spéciale de la Cour. Il a par ailleurs assuré qu’il poursuivrait « sans crainte » son travail, jusqu’à sa retraite prévue en novembre prochain.

Une personnalité du mouvement de défense des droits des femmes en Inde, Kavita Krishnan, a estimé que la justice devait tirer au clair ces accusations « extrêmement sérieuses » portées contre Ranjan Gogoi. Cette affaire survient alors que le mouvement #metoo se développe en Inde, avec des accusations de harcèlement sexuel contre des metteurs en scène de Bollywood, des acteurs et autres personnalités des médias.