Manifestation à Rabat, le 21 avril 2019, pour la libération des prisonniers du mouvement de contestation Hirak. / AFP

Des milliers de personnes ont manifesté, dimanche 21 avril, à Rabat, la capitale marocaine, pour réclamer la libération des détenus du Hirak, mouvement de protestation qui avait secoué la région du Rif en 2016 et 2017, après la confirmation de leurs peines allant jusqu’à vingt ans d’emprisonnement.

« Le peuple veut la libération des détenus ! », ont scandé les manifestants, sous un temps maussade, défilant derrière une banderole de soutien aux prisonniers de ce mouvement de protestation populaire aux revendications sociales et économiques.

Baptisée « la marche du peuple marocain : stop à l’injustice politique », cette manifestation a été organisée à l’appel des familles de détenus et plusieurs organisations politiques et de défense des droits humains. « Nous appelons à la fin des arrestations politiques et à la libération de tous les détenus des mouvements sociaux et à répondre à leurs revendications légitimes », a déclaré à l’AFP Boubaker Al-Jawhari, un militant.

« Complot »

La Cour d’appel de Casablanca (ouest) a confirmé début avril les peines de 42 membres du Hirak, accusé de visées séparatistes par le pouvoir.

Nasser Zefzafi, 39 ans, et trois autres militants formant le noyau dur de la protestation ont été condamnés à vingt ans de prison ferme, soit les peines les plus lourdes, notamment pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat ». Les autres ont été condamnés à des peines allant d’un à quinze ans de prison.

Les militants avaient été transférés le 11 avril de Casablanca vers des prisons du nord du Maroc pour être plus « proches de leurs familles », selon l’administration pénitentiaire.

« Ils ont été transférés dans les pires prisons du royaume », a dénoncé Ahmed Zefzafi, le père de Nasser, lors d’une conférence de presse organisée après la manifestation au siège de l’association marocaine des droits humains. Il a ajouté que les détenus avaient « débuté une grève de la faim » et appelé les « décideurs à trouver une issue à cette crise ».

Des mères et des sœurs de militants ont affirmé que les détenus protestaient contre leurs conditions de détention et demandaient à être « rassemblés dans une prison proche d’Al-Hoceima » (nord), épicentre de la protestation dont ils sont originaires pour la plupart.

« Leur état de santé est suivi de très près », avait assuré vendredi la direction des prisons au Maroc dans un communiqué.

Sévérité des peines

« Nous ne sommes pas des séparatistes. Nos fils ont seulement revendiqué leur droit à une vie digne », a clamé la mère de Nabil Ahemjik, condamné à vingt ans de prison et transféré à la prison de Fès, à 270 km d’Al-Hoceima.

Arrêté pendant sa couverture d’une marche de protestation à Al-Hoceima, le journaliste Hamid Al-Mahdaoui avait lui été condamné à trois ans de prison pour ne pas avoir alerté la police des appels d’un inconnu évoquant des armes pour le Hirak.

Le Hirak a été déclenché par la mort, en octobre 2016, d’un vendeur de poissons broyé dans une benne à ordures en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise par la police.

Plusieurs associations et ONG ont critiqué la sévérité des peines. Les autorités marocaines, elles, ont toujours assuré que le processus judiciaire était conforme aux normes internationales.