Un homme et une femme égyptiens recherchent des noms dans un manifeste électoral afin de trouver les bureaux de vote respectifs dans le cadre du référendum, au Caire, le 20 avril 2019. / KHALED DESOUKI / AFP

La révision constitutionnelle controversée permettant la prolongation de la présidence d’Abdel Fattah al-Sissi, et qui renforce ses pouvoirs et ceux de l’armée, a été approuvée par référendum à 88,83 %, a annoncé l’Autorité nationale des élections, mardi 23 avril. Le président de cet organisme, Lachine Ibrahim, a précisé lors d’une conférence de presse au Caire, que 11,17 % des électeurs se sont prononcés contre cette réforme et que le taux de participation a atteint 44,33 %.

Les Egyptiens ont voté lundi, au dernier jour d’un référendum, sur une révision constitutionnelle visant à prolonger jusqu’en 2030 la présidence de l’ex-maréchal accusé de violations des droits humains. Les bureaux de vote ont fermé dans la soirée, après trois jours de consultation, alors que la campagne pour le « oui » a complètement dominé les grands médias étroitement contrôlés par le pouvoir.

Les journaux et chaînes de télévision ont largement diffusé des images d’affluence devant les bureaux de vote ainsi que des clips de propagande en faveur de la réforme. Aucune place n’a été accordée, dans les grands médias égyptiens, ni à l’opposition ni aux ONG de défense des droits humains, relégués aux réseaux sociaux.

Vers un troisième mandat

La révision constitutionnelle permet de faire passer le deuxième mandat de M. Sissi de quatre à six ans, portant son terme à 2024. Ce dernier pourrait ensuite se représenter en 2024 pour un troisième mandat, ce qui le reconduirait au pouvoir jusqu’en 2030. La Constitution actuelle limite la présidence à deux mandats consécutifs de quatre ans.

Au-delà de la prolongation de sa présidence, la révision constitutionnelle permet d’accroître son contrôle sur le système judiciaire. Elle octroie également un pouvoir politique à l’armée, pilier du régime de M. Sissi.

L’ex-maréchal Sissi a été élu président en 2014 avec 96,9 % des voix, un an après avoir renversé avec l’armée, à la faveur d’un mouvement populaire, le président islamiste Mohamed Morsi. Il a été réélu en 2018 à 97,08 %.

Depuis son arrivée au pouvoir, les ONG dénoncent régulièrement les arrestations tous azimuts, les procès de masse ainsi que le musellement de la presse et de l’opposition. Le pouvoir nie ces accusations, insistant sur « la stabilité » et « la lutte antiterroriste ».

En Egypte, un référendum pour réformer la constitution