Attentats au Sri Lanka : le résumé des événements en vidéo
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Au moins 320 personnes ont été tuées et plus de 500 ont été blessées au Sri Lanka, dans une série d’attentats, revendiqués par l’organisation Etat islamique, contre trois hôtels de luxe et trois églises, alors que les fidèles assistaient à la messe de Pâques, dimanche 21 avril.

Ce bilan, très lourd mais toujours provisoire, fait de cette série d’attaques la plus meurtrière perpétrée contre des chrétiens depuis 1970, selon le décompte effectué par Le Monde à partir des 100 attentats les plus meurtriers ayant visé des édifices religieux tirés de la Global Terrorism Database, une base de données des attentats terroristes réalisée par une équipe de l’université du Maryland.

Cette base de données exhaustive recense plus de 180 000 actes terroristes dans le monde depuis 1970, incluant les prises d’otages ou encore les attentats échoués. Pour des raisons de méthodologie, Le Monde a extrait de cette base de données les 100 attentats les plus meurtriers visant exclusivement des édifices religieux, afin d’éviter toute incertitude sur la dimension religieuse de la communauté visée.

Lire notre reportage au Sri Lanka : chez les chrétiens, le deuil et l’incompréhension

Des attaques de plus en plus meurtrières

Une liste des dix attentats les plus meurtriers visant des églises donne un aperçu de l’intensification de leur violence à partir des années 2010, alors que l’idéologie djihadiste connaît un nouvel essor après la seconde guerre du Golfe, avec notamment la montée en puissance de l’organisation Etat islamique en Irak et en Syrie ou de Boko Haram au Nigeria.

Ce décompte est loin de recenser toutes les attaques ayant visé des chrétiens. Ces dernières années, les attentats meurtriers visant des églises se sont ainsi multipliés en Asie, mais ils ne figurent pas tous parmi les dix plus meurtriers.

Parmi les plus récents, on peut citer l’attaque revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI) contre la cathédrale de Jolo, île à majorité musulmane du sud de l’archipel des Philippines, qui a fait une vingtaine de morts et 102 blessés, le 27 janvier 2019. Le 13 mai 2018, une famille de six personnes, se revendiquant également de l’EI, avait mené des attaques-suicides contre trois églises à Surabaya en Indonésie, faisant 13 morts et une quarantaine de blessées.

D’autres attentats visant des croyants, mais n’ayant pas eu lieu dans des édifices religieux, peuvent également être mentionnés pour compléter ce graphique. Ainsi, le 2 avril 2015, quelques jours avant la fête chrétienne de Pâques, des islamistes du groupe Chabab avaient attaqué l’université de Garissa, une ville du nord-est du Kenya. Circulant dans les dortoirs des étudiants, ils avaient « exécuté immédiatement les chrétiens » qu’ils y croisaient, selon un témoin. L’attaque avait fait au moins 147 morts, en majorité chrétiens, et 79 blessés.

Un autre attentat majeur visant des chrétiens n’est pas représenté dans ce graphique : l’attaque-suicide revendiquée par les talibans qui avait fait plus de 70 morts, dont 29 enfants, le 27 mars 2016 à Lahore, au Pakistan, dans un parc très fréquenté où des chrétiens célébraient Pâques – cet espace public n’étant pas un édifice religieux.

Les fêtes chrétiennes, un moment à risque

La date de ces deux attentats, comme celle de ceux au Sri Lanka, ne doit rien au hasard. Depuis dix ans, cinq séries d’attentats ont eu lieu lors des célébrations de Pâques : outre les attentats de Garissa (Kénya) et de Lahore (Pakistan) évoqués ci-dessus, et ceux de dimanche au Sri Lanka, l’Egypte (où deux kamikazes avaient tué 45 personnes dans deux églises coptes du nord du pays en avril 2017) et le Nigeria (où l’explosion d’une voiture piégée près d’une église à Kaduna, dans le nord du pays, avait fait 41 morts le 8 avril 2012) ont également été frappés.

Les fêtes de Noël sont également une période ciblée par les terroristes. Le 25 décembre 2009, la guérilla ougandaise de l’Armée rebelle de résistance du Seigneur (LRA) a ainsi tué plus de 80 personnes dans l’église du village de Batande, en République démocratique du Congo. Le 25 décembre 2011, le groupe islamique Boko Haram (dont le nom signifie « l’éducation occidentale est un péché ») avait attaqué une église à Madalla (Nigeria), faisant 37 morts et 57 blessés.

Les musulmans restent les principales victimes des attentats

Si les attaques contre les églises ont durablement marqué l’opinion publique en France, notamment après l’assassinat du père Jacques Hamel dans son l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016, ou l’attentat échoué contre une église de Villejuif, en avril 2015, l’étude des 100 attentats les plus meurtriers visant des édifices religieux montre que les mosquées sont davantage ciblées par des attaques meurtrières.

Les musulmans représentent ainsi plus de 70 % des victimes des 100 attentats les plus meurtriers ayant visé des édifices religieux depuis 1970. En Irak, au Pakistan, en Syrie ou encore en Afghanistan, ils payent le plus lourd tribut au terrorisme international dans le contexte des clivages géopolitiques et religieux entre sunnites – le courant dont se revendique notamment l’organisation Etat islamique – et chiites.

Hôtels détruits, églises soufflées... les images des dégâts au Sri Lanka