Protégé de celui qui a dirigé le pays pendant trois décennies, le président par intérim du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a été investi, mardi 23 avril, par le parti au pouvoir pour être son candidat à la présidentielle anticipée de juin. Noursoultan Nazarbaïev avait pris les rênes du Kazakhstan en 1989 quand ce territoire était une république soviétique et contrôle totalement le parti Nour-Otan. Kassym-Jomart Tokaïev a reçu le soutien des six cents délégués du parti réunis en congrès extraordinaire dans la capitale Noursoultan.

En ouverture du congrès, Noursoultan Nazarbaïev avait demandé à « tout le monde de soutenir la candidature » de Kassym-Jomart Tokaïev, qui était président du Sénat jusqu’à la démission surprise, le 19 mars, de l’homme fort du Kazakhstan. Diplomate chevronné, M. Tokaïev, 65 ans, a rapidement convoqué une élection présidentielle anticipée pour le 9 juin, alors que le scrutin n’était jusqu’alors prévu qu’en avril 2020.

Ses adversaires potentiels ne sont pas connus. Son prédécesseur n’avait affronté que des concurrents au poids politique insignifiant et ne faisant pas campagne, lors d’élections qui n’ont jamais été considérées comme libres par les observateurs internationaux. « Je me présente pour continuer le cap d’Elbassy », a déclaré M. Tokaïev au cours d’un discours, faisant référence au titre officiel de « Père de la nation » que s’est fait attribuer Noursoultan Nazarbaïev. M. Tokaïev a promis d’aller « de l’avant sans oublier le passé ».

Des signes de contestation

« Je suis sûr qu’il sera un dirigeant digne », a déclaré, mardi, M. Nazarbaïev, estimant que « le peuple a besoin de stabilité et de confiance en l’avenir ». Plusieurs hauts responsables kazakhs sont ensuite montés sur scène pour louer les mérites de M. Tokaïev. La première décision de ce dernier en tant que président par intérim a été de proposer de rebaptiser la capitale futuriste du pays, Astana, du prénom de son prédécesseur, devenant Noursoultan.

Il a indiqué vouloir poursuivre la ligne politique de M. Nazarbaïev et s’est rendu en Russie début avril pour son premier déplacement à l’étranger. Il a assuré le président Vladimir Poutine de son intention de renforcer encore « l’amitié » entre les deux pays. Noursoultan Nazarbaïev continuera, malgré sa démission, d’occuper des fonctions clés dans ce pays riche en hydrocarbures, telles que la présidence du parti au pouvoir et celle du conseil de sécurité.

La présidentielle anticipée est convoquée au moment où le Kazakhstan fait face à des signes de contestation. Des dizaines de manifestants antigouvernementaux ont ainsi été arrêtés quelques jours après la démission de M. Nazarbaïev. Plus récemment, deux protestataires, Assia Toulessova et Beïbarys Tolymbekov, ont été interpellés et condamnés à quinze jours de prison pour avoir brandi, lors d’un marathon dimanche, une pancarte antigouvernementale : « On ne peut pas fuir la vérité. J’ai le choix. »